L'abondance de virus en cet hiver humide, associée à la dégradation globale du système de soin, conduit une nouvelle fois les services d'urgence des hôpitaux à saturation. À Brive comme à Tulle (Corrèze), des lits supplémentaires ont été ouverts pour faire face, pour combien de temps ?
"Hier, on a rouvert quatre lits dans une unité de soin qui n'est pas prévue pour ça. Ça nous soulage, mais on ne sait pas combien de temps ça va durer", nous confie le cadre de santé du service des urgences de l'hôpital de Brive, Cyril Perpinan, ce mercredi 29 janvier.
La nuit précédente, 33 personnes avaient dû dormir aux urgences sur des brancards, faute de lits disponibles. "Les neuf lits qu'on a dans l'unité d'hospitalisation d'urgence sont toujours pleins. Au total, on dispose de vingt lits alors qu'on en aurait besoin de quarante", explique le cadre de santé.
Il y a une dizaine de jours, au pic l'épidémie de grippe, sept lits supplémentaires avaient été ouverts pour soulager le service : "Pendant cinq ou six jours, ça a permis de faire baisser la tension, mais dès qu'ils ont été fermés, on est remonté en charge", constate Cyril Perpinan.
La grippe n'est plus la cause de la saturation des urgences ces jours-ci. La grande majorité des patients qui se présentent sont les personnes les plus fragiles, enfants ou personnes âgées, affectées par des pathologies liées aux virus hivernaux.
Les conséquences pour les patients
Ce lundi 27 janvier, les urgences de l'hôpital de Brive ont enregistré 133 entrées. Globalement, entre 2023 et 2024, la fréquentation du service a augmenté de 10%. Outre la nécessité de lits supplémentaires, un poste de médecin et trois postes d'infirmiers sont à pourvoir pour répondre aux besoins de fonctionnement du service.
Pour les soignants, ces conditions de travail sont "lourdes et usantes". Cyril Perpinan déplore aussi les conséquences néfastes de cette situation sur la santé des patients : "Souvent les personnes âgées, au-delà de la pathologie qui les amène, elles ont besoin d'entretenir leur autonomie, leur mobilité. Il nous est impossible de mettre en place les soins adaptés, ne serait-ce que prendre le temps de les faire marcher un peu. Et on sait qu'une personne âgée, si on la laisse allongée pendant six heures, on multiplie par deux sa durée d'hospitalisation".
Situation fragile à l'hôpital de Tulle
Aux urgences de l'hôpital de Tulle, l'activité est aussi très soutenue depuis quelques jours. Avec 70 à 75 admissions par jour, la fréquentation est nettement supérieure à l'année dernière à la même période. Et chaque jour, vingt patients nécessitent une hospitalisation, alors que la moyenne est à seize ou dix-sept. Des lits supplémentaires ont été ouverts pour les accueillir. "Avec les lits supplémentaires, on arrive à évacuer le flux. La situation est fragile, mais ça reste raisonnable", décrit le docteur Philippe Dupuy, chef du service des urgences de l'hôpital de Tulle.
Lui aussi constate une grosse activité liée aux pathologies virales hivernales, mais n'a pas à déplorer de manque de personnel. "Il n'y a pas de dégradation des moyens humains dans le service. Il y a beaucoup de travail, mais les lignes sont maintenues", assure-t-il.
Au-delà de la saison hivernale favorable à la propagation des virus, la saturation des services d'urgence s'inscrit dans un contexte de dégradation globale du système de santé. Médecine de ville en souffrance, pénurie d'infirmiers libéraux pour les soins à domicile et manque d'ambulanciers, concourent à une surfréquentation des urgences de l'hôpital, qui ne sont pas dimensionnées pour faire face.