Le nouveau film du réalisateur Aly Yeganeh raconte l’histoire d’une enfant kurde enlevée et violée par les terroristes de Daech. Elle tente de se reconstruire en France, dans un univers protecteur, mais un nouveau départ est-il vraiment possible ?
Le silence de Sibel est le dernier film d’Aly Yeganeh, tourné entre la Tunisie et la commune d’Uzerche, en Corrèze. Il raconte l’histoire vraie des enfants de Sinjar, au nord-ouest de l’Irak, le chef-lieu des Yézidis.
En 2014, Daech attaque cette communauté dont la croyance est considérée par les terroristes comme diabolique. Des milliers de jeunes filles sont enlevées, réduites à l’esclavage sexuel, et parfois finalement vendues. C’est le cas de Sibel qui est recueillie dans un village français.
À la veille de la sortie du film en salles, Aly Yeganeh a répondu à nos questions.
Pourquoi avoir choisi Uzerche ?
"On cherchait une ville paisible et jolie au centre de la France, où la population n’a rien à voir avec ce monde extérieur. Il me fallait une maison d’une certaine envergure qui devait se trouver devant une rivière. Elle symbolise les choses qui continuent, comme la guerre, qui ne s’arrête pas. On a cherché plusieurs mois pour trouver une maison, et on l’a trouvée à Uzerche. Je remercie toute la population. La ville était au rythme du film pendant un mois."
Pourquoi raconter l’histoire de Sibel ?
"On emmène à Uzerche une jeune fille traumatisée qui a vécu l’enfer. Elle se retrouve dans une ville paisible, dans une maison bourgeoise, possédée par quelqu’un qui a de l’argent. La question essentielle du film, c’est : est-ce qu’une personne qui a vécu de telles violences peut avoir une vie normale ? On parle d’une fillette de dix ans... Sibel a été achetée par une femme Kurde et française qui avait les moyens de donner à cette fille un espoir. Mais peut-on encore donner espoir à des enfants comme ceux-là ?"
Est-ce qu’une personne qui a vécu de telles violences peut avoir une vie normale ?
Aly Yeganeh, réalisateur
Quelle est votre vision de l’avenir ?
"Ce massacre a été reconnu par les Nations unies comme un génocide. Est-ce que c’est le dernier génocide du siècle ? J’espère que oui. Est-ce qu’on n’assistera plus à des viols comme instrument de guerre ? J’espère. Mais vu ce qui se passe aujourd’hui dans le monde, je ne pense pas que ce soit les derniers."