Alors que la pratique de la lecture diminue, et notamment chez les 15-24 ans, le Centre National du Livre organise pour la troisième année un "Quart d'heure national de lecture", avec l'Éducation nationale, pour encourager la pratique. Reportage dans une école de Brive.
"Zioup, Lulu Romette sort de l'eau". Son livre jaune en main, l'écolier de CE1 fait face à ses petits camarades de maternelles, eux-mêmes plongés dans les images du livre jeunesse, et leur lit l'histoire à haute voix. Lire en classe devant tout le monde est un exercice qui peut paraître difficile pour ces élèves de l'école Jules Romains à Brive, mais peut aussi être une occasion de partager leur apprentissage.
Pour Valérie Humbert, professeure des écoles, lire pour les autres a de nombreuses vertus. "Quand ils savent qu'ils doivent lire pour les autres, ils vont s'entraîner beaucoup plus, ils vont la lire beaucoup plus et mettre le ton." Pour le petit garçon au livre jaune, c'est même une histoire qu'il saupoudre d'intonations théâtrales. "Mais non, elle ne met pas sa carapace de toujours, car sa carapace a disparu !"
Redorer le blason d'une pratique essoufflée
Si cette école située en zone prioritaire de Brive a pour habitude de faire de la lecture un moment de partage entre petits et grands, ce 12 mars est une opportunité de plus de faire rentrer la lecture dans les habitudes des enfants. Pour la troisième année, le Centre National du Livre organise, en partenariat avec le ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, une journée "Quart d'heure national de lecture" pour redonner goût à la pratique qui s'essouffle chaque année.
🕒 C'est le grand retour du Quart d'heure de lecture national !
— CNL - Centre national du livre (@LeCNL) February 9, 2024
Le mardi 12 mars 2024 : lisez et offrez-vous un quart d'heure d'évasion 📚
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En effet, si 86% des Français se déclarent lecteurs selon un baromètre Ipsos/CNL,"le décrochage chez les 15-24 ans s'accentue" (-12 points par rapport à 2019). Pour remédier à cet essoufflement, le CNL propose de lire "au moins un quart d'heure par jour" et peut-être passer moins de temps sur les écrans dont la consommation a, elle, augmenté. Le baromètre du CNL et d'Ipsos a relevé lui un temps moyen passé devant un écran (hors livre numérique) de 3 h 14 contre 41 minutes de lecture.
Une passerelle avec la maîtrise de la langue
Dans le quartier de Tujac où se situe l'école primaire, la directrice de l'école Jules Romains, Véronique Clare, continue de promouvoir la pratique de la lecture. Selon elle, cela permet aussi de créer une passerelle pour ceux qui ne maîtrisent pas complètement la langue française.
"Le bain de langage est différent d'une famille à l'autre, parfois le français est la langue maternelle, parfois, on ne parle français qu'à l'école. Et là, l'école de la réussite de tous doit jouer son rôle, et investir par tous les moyens le maximum de leviers dès le plus jeune âge, dont le langage et la lecture qui en sont des axes majeurs."
Véronique Clare, directrice de l'école Jules Romains
Parmi les enfants d'aujourd'hui, et malgré les écrans, sans nul doute certains deviendront des adultes férus de lecture de demain. Le "Quart d'heure de lecture" aura eu son importance, mais le mérite le plus grand en reviendra, plus surement, aux enseignants qui transmettent, au quotidien, le goût des mots et des histoires que l'on se raconte.