Menacée de disparition il y a quatre ans, l'école primaire de Davignac a pu être maintenue grâce à la détermination des parents et de la mairie. Une classe unique où les enfants s'entraident et vont danser en forêt, une école qui a des allures de paradis.
Ses bottes jaunes aux pieds, son cartable sur le dos, Enaël sort en trombe de sa maison pour grimper dans le minibus qui passe devant pour l'emmener à l'école. Il ne voudrait surtout pas le manquer : "C'est pas comme d'y aller en voiture avec les parents, là on est avec les copains, on peut rigoler et faire des choses", raconte le garçon.
"Et on est avec Simon, c'est un anglais qui fait le bus, du coup, je sais un peu parler anglais", ajoute Chloé qui est déjà installée.
Silence, on lit
Zoé, Chloé, Enaël, Elouan, ils sont onze élèves au total à venir à l'école dans le village corrézien de Davignac, qui compte 230 habitants. Onze enfants qui vivent à Davignac ou à une dizaine de kilomètres alentour, sur le plateau de Millevaches.
"On est tous dans la même école avec une seule maîtresse, et vu qu’on n’est pas beaucoup, c'est plutôt facile", nous dit Elouan, en CM1.
"Y a plein de niveaux différents, donc la maîtresse a plus de travail, mais les grands s’occupent des petits et ça, je trouve ça super", assure Chloé, en CM2.
La journée de classe commence par un rituel : "Silence, on lit !"
Puis Nathalie, la maîtresse, déploie le programme du jour : "plan de travail mathématique, récré, plan de travail français".
"T'as oublié la dictée ?, l'interrompt Enaël. Ouais ! Pas de dictée !"
À chacun son rythme
En math comme en français, chaque élève a son plan de travail, sa feuille de route à remplir pour la semaine, à son rythme.
Pour pouvoir transmettre à chacun les attendus de l'Éducation nationale, Nathalie a mis au point une pédagogie qui favorise l'autonomie et la coopération. Chacun peut aider selon ses compétences. "J’adore aider la CP Llaya, raconte Chloé. Je lui lis des histoires et je trouve ça amusant. Des fois, je lui fais lire quelques mots comme ça, elle apprend un peu."
"Si j'ai pas compris mon exercice, je peux demander à Chloé, ou à Tyméa, ou à Baptiste, ou à Elouan, explique Zoé, en CM1. Si vraiment t’es bloqué, ça peut t’aider à avancer plus vite."
Aujourd'hui, Enaël n'a pas besoin d'aide, personne ne l'a sollicité non plus, alors il laisse traîner ses grands yeux curieux de CE1 sur le travail des plus grands : "C'est cool parce que quand on n’a rien un peu à faire, on regarde ce que les plus grands font comme ça après c'est plus facile pour l’année suivante."
Le paradis
"En plus, on fait des choses cool, des fois, on fait des danses en forêt, c'est trop bien" rapporte Elouan, dont le sourire ne laisse aucun doute sur sa joie à être là.
Et Nathalie Persyn l'institutrice, ajoute une nouvelle touche à ce tableau idyllique : "Le site est superbe, on est proche de la forêt, on a une salle polyvalente avec une acoustique incroyable, on a une scène de théâtre, on a un parquet pour faire de la danse. Pour moi, c'est un petit coin de paradis."
"Ici, c'est comme une famille, on a beaucoup de complicité ensemble", poursuit Chloé.
"C’est une entité, c'est de la vie en plus", conclut alors la maîtresse.
Dans cette minuscule école perdue dans la campagne corrézienne, les apprentissages s'échappent des cahiers, se partagent et mettent en confiance. Un paradis que tous espèrent sans fin.