À Sainte-Fortunade, en Corrèze, voilà longtemps qu'il n'y a plus qu'une seule boucherie dans le village. Et demain, il n'y en aura peut-être plus ! Elle est en vente depuis un an, mais aucun repreneur ne s'est manifesté. Un crève-cœur pour le propriétaire, une catastrophe pour ses fidèles clients.
André Pauzet ledit lui-même : « On est les derniers des Mohicans, dans la boucherie ! ».
Boucher depuis 1966, il a surtout fondé et développé, à Sainte-Fortunade en Corrèze, dans la zone d’activité des Roses, une boucherie et son atelier de découpe et de transformation attenant.
Une affaire qui marche. Trop peut-être ?
« On a sûrement trop attendu pour vendre. Mais on marchait si bien. Quand vous réussissez, vous ne pensez pas à vous arrêter ».
L’an dernier, malgré la Covid et la mise en sommeil des cantines scolaires et collectivités qu’il fournit, sa boucherie a tout de même généré près d’un demi-million d’euros e chiffre d’affaire, grâce à sa clientèle de fidèles habitués, qui trouvent là la seule boucherie à près de dix kilomètres à la ronde, leur évitant d’aller sur Tulle.
Mais à 82 ans passés, André Pauzet aimerait bien goûter enfin aux joies de la retraite. Son fils Philippe devait lui succéder, des problèmes de santé l’en empêchent.
Alors en juin 2020, la décision est prise : la boucherie est mise en vente
Problème : depuis, aucun repreneur ne s’est manifesté !
« Je ne pense pas que c’est un problème de prix. En vrai, on serait même plutôt en dessous du prix du marché [200 000€ à débattre]. Non, c’est que les gars ne veulent plus travailler comme on l’a fait, sept jours sur sept ! Faire du profit, oui. Travailler, non ! ».
André est pourtant prêt à de nombreuses concessions, même à laisser de la marchandise dans les frigos, pour que cet éventuel repreneur puisse démarrer quasiment du jour au lendemain. Il souhaiterait surtout avoir à faire à quelqu’un de bien, capable d’abattre le travail qu’il a lui-même fait si longtemps.
Dans quelques jours, son fils en saura plus sur l’opération de la hanche qui l’attend. Et la boucherie de connaître alors son sort : soit de fermer là, soit d’avoir encore quelques semaines devant elle, pour cette reprise tant espérée par les Pauzet, et leurs clients.