Lutter contre les déserts vétérinaires, c'est l'objectif que s'est fixé le conseil départemental de Corrèze. Le plan, intitulé "Corrèze Santé animal", est une première en France.
Pour lutter contre les déserts vétérinaires, le département de la Corrèze va lancer une initiative inédite en France. Le plan "Santé Corrèze animal "vise à pallier le manque de professionnels sur le territoire." En Corrèze, seulement 96 vétérinaires interviennent dans 4000 exploitations.
Parmi eux, il y a Olivier Legrain, en exercice à Treignac. Le vétérinaire ne compte pas ses heures et dit pratiquer un "métier-passion". Après 30 ans d'activité, il constate une vraie évolution du métier.
Quand on veut un remplaçant pour partir en week-end, il faut bien préparer en avance alors que c'était plus simple avant.
Olivier Legrain, vétérinaire
Olivier Legrain fait aussi remarquer l'évolution technologique de son métier, grâce aux caméras ou détecteurs de vêlage par exemple : "au niveau des agriculteurs, les exploitations sont plus grandes, le type d’interventions a évolué. Avant, j'étais régulièrement réveillé la nuit pour faire des accouchements. Ça nous arrive mais c'est moins fréquent et ça améliore la qualité de vie."
S'adresser aux étudiants
Aujourd'hui, Olivier Legrain doit vacciner les veaux de Jérôme Coissac. L'agriculteur possède 80 vaches allaitantes. Pour lui, la garantie d'un bon service vétérinaire est donc importante.
On est malheureux, parce qu’on a vraiment besoin d’eux et s’ils ne peuvent pas venir, on ne sait plus quoi faire. La baisse du nombre de vétérinaires m'inquiète un peu parce qu'en cas d’urgence, on compte dessus.
Jérôme Coissac, agriculteur
L'initiative du département, qui veut lutter contre les déserts vétérinaires, est donc bienvenue pour Olivier Legrain : "Il y a un vrai besoin. Il faut créer un climat agréable, un confort pour s’installer. Et s'il y a incitation financière, ce n'est pas plus mal."
Le plan "Santé Corrèze animal" propose des aides financières, à la fois aux étudiants en école vétérinaire et aux professionnels déjà installés : aides au transport et au logement pendant les stages ; une bourse de 800€ par mois pour ceux qui choisissent en dernière année d'étude la filière animaux de production ou équidés.
En contrepartie, les jeunes, une fois diplômés, s'engagent à vivre pendant cinq ans en Corrèze.
20 000 euros pour s'installer
Le département versera aussi une aide à l'installation de 20 000 euros. Un moyen de combattre les préjugés, d'après Hélène Rome. "Autrefois, le vétérinaire était souvent fils de paysan. Aujourd’hui, ce sont de plus en plus des urbains. Ils méconnaissent le milieu rural, ont des a priori, de l’incompréhension."
Le temps presse en raison du vieillissement des vétérinaires. "11 vétérinaires ont plus de 60 ans et 45% des vétérinaires ont plus de 50 ans. Le renouvellement n'est plus assuré" : rappelle Hélène Rome, vice-présidente du CG 19.
Le vétérinaire travaille seul sur certains secteurs, qui sont de plus en plus grands. Donc les déplacements sur la route prennent de plus en plus de temps, avec les risques induits quand c’est une urgence.
Hélène Rome, vice-présidente du CG 19
Un Service d'appel vétérinaire d'urgence
Autre nouveauté de ce programme, le lancement d'un Service vétérinaire d'urgence (SAVU). La plateforme téléphonique régulera les appels en dehors des horaires d’ouverture des cliniques vétérinaires.
Ce service est chargé de trier les urgences, de donner des conseils, de ventiler tout ce qui est peut attendre le matin l’ouverture de la clinique, et ce qui est de la vraie urgence.
Hélène Rome, vice-présidente du CG 19
Mais le service ne sera lancé que si "deux tiers des vétérinaires conventionnent avec le département." Les coûts seront d'abord pris en charge par le département, pendant 18 mois.
Olivier, vétérinaire à Treignac depuis 30 ans, soutient déjà le programme du département.
Ce que veulent les jeunes, c’est être rassuré, savoir qu'il y a des personnes pour donner un coup de main pour ne pas se sentir seul dans l’urgence.
Olivier, vétérinaire
Près de la moitié des vétérinaires corréziens partiront en retraite à l'horizon 2035.