Corrèze : des vautours provoquent l'inquiétude à Peyrelevade

Un éleveur de brebis du plateau de Millevaches a signalé une attaque de vautours sur son troupeau. L'une de ses bêtes a été totalement dévorée. Des questions se posent sur ce rapace, et la Ligue de Protection des Oiseaux apporte son éclairage.

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Lorsqu'il est allé rentrer son troupeau d'une centaine de brebis ce vendredi 2 juillet 2021 en fin d'après-midi, Gwenaël Veyret, éleveur à Peyrelevade sur le plateau de millevaches, dit avoir découvert un vrai carnage.
L'une de ses bêtes, qu'il avait vu le midi-même en pleine forme comme le reste du troupeau, avait été totalement dévorée au point qu'il ne subsistait plus que la carcasse de l'animal.

Alerté par des voisins qui avaient vu tourner une dizaine de volatiles imposants autour du troupeau, Gwenaël Veyret a pu filmer deux de ces rapaces en train de s'éloigner, peu de temps après l'attaque.

La gendarmerie et l'Office Français de la Biodiversité sur place

Prévenus, la gendarmerie et des agents de l'Office Français de la Biodiversité se sont rendus sur place ce dimanche matin.
Selon l'éleveur, ces derniers auraient confirmé que l'attaque a été effectuée par plusieurs vautours fauves, à priori au nombre de cinq, des rapaces plutôt jeunes. "Ils sont capables de dépecer et dévorer une brebis en 7 à 8 minutes", précise l'éleveur.

Gwenaël Veyret s'inquiète d'une possible migration des rapaces, qui pourrait être liée à une surpopulation dans certains secteurs.
"Normalement, ils ne s'attaquent pas aux proies vivantes, seulement aux charognes. Mais il semblerait que certains développent un comportement de prédateur.", expliquait l'éleveur, dans un premier temps ce dimanche. Ce dernier envisageait alors de mettre à l'abri son troupeau pendant quelques jours.

L'éclairage de la LPO

De son côté, la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) souhaite réagir à cette actualité. Selon l'association, le retour des vautours est naturel : 

"La présence de Vautours fauves n’est pas une nouveauté en Limousin. Il est vrai qu’à force de persécutions pendant des siècles, les hommes étaient parvenus à les éradiquer d’une grande partie de leur aire originelle de répartition. En France par exemple, ils ne subsistaient plus que dans les Pyrénées jusqu’à ce que, à la fin des années 1970, une tentative de réintroduction soit tentée sur les Causses où les derniers avaient été abattus et empoisonnés dans les années 1940. L’opération couronnée de réussite a fait que ces grands oiseaux charognards n’ont été absents du ciel du Massif-Central que pendant une quarantaine d’années. Ce sont donc des oiseaux essentiellement originaires des gorges du Tarn et de la Jonte qui depuis lors font des visites de plus en plus régulières chez nous depuis la première observation en 1994 (...). C’est ainsi que plus de 30 observations de Vautours fauves ont été faites en Limousin en 2020 et qu’en 2021 on en est déjà à une douzaine"

Ensuite, pour la LPO, il s'agit bien de charognards :

"Les agents de l’Office Français de la Biodiversité n’ont certainement pas pu "certifier" que la brebis avait été "attaquée" par les oiseaux. Tout au plus ont-ils pu constater que le pauvre animal avait été consommé par eux, ce qui correspond parfaitement au rôle des vautours dans la nature et a déjà été observé en plusieurs endroits de la Corrèze et du Limousin ces dernières années."

Leur présence correspondrait également à l'activité humaine : 

"Si leur retour, aidé par les hommes qui les en avaient fait disparaitre, a si bien marché, c’est que les activités pastorales qui prévalent encore dans le Massif Central, ajoutées à l’abondance du grand gibier, fournissent régulièrement aux Vautours les cadavres dont ils ont besoin et qui leur confère leur mission d’éboueurs de la nature. Ce sont en effet des oiseaux spécialisés à l’extrême dans la consommation d’animaux morts, généralement de grande taille, et non des prédateurs. Leur action d’élimination des carcasses en font ainsi de précieux auxiliaires des activités d’élevage dans les massifs montagneux."

Enfin, l'association ne veut pas opposer les oiseaux et les hommes :

"Il est évident que, pour un éleveur qui assiste à ces curées inhabituelles, cela constitue un choc. Choc qui est d’autant plus important que les conditions d’élevage sont souvent difficiles et la précarité croissante dans l’élevage extensif. La détresse de ces agriculteurs est réelle et légitime et n’est donc pas à remettre en question. En revanche, la nature des témoignages récoltés doit être analysée avec la plus grande rigueur, notamment la manière dont leurs observations sont interprétées et retranscrites."

 

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