Le plus célèbre peintre du XXe siècle s’installe en Corrèze. Jusqu’au 3 août, le Musée d’Ussel propose une exposition exceptionnelle consacrée à Pablo Picasso. Intitulée " Les carnets dévoilés ", elle met en lumière une collection d’estampes tirée des carnets d’esquisses de l’artiste espagnol. Un trésor qui appartient à l’éditeur d’art cantalien, Philippe Monsel.
Des vues de son atelier cannois, des portraits de fumeurs, ou encore une série de scènes érotiques : les dessins exposés actuellement à Ussel, en Corrèze, sont des fac-similés de Pablo Picasso, lithographiés à partir des vrais carnets du peintre.
Il s’agit donc de copies parfaites de l’œuvre du maître, tirées à seulement 600 exemplaires. "Ils ont pris le carnet original avec l’accord de Picasso évidemment, qui a surveillé de très très près la mise en place technique, ils ont démonté le ressort qui tient le carnet, et ils ont reproduit chaque page, recto verso", explique Martin Belcour, le Président de l'Association de l'Imprimerie du Musée d'Ussel (AIMU).
Une scène érotique reproduite 17 fois
Ouvrir l'un des 175 carnets connus du maître, c'est pénétrer un esprit obsessionnel et parfois sulfureux : en témoigne une série de dessins exposés dans la Galerie du Musée, où l’artiste a reproduit 17 fois la même scène érotique le 8 octobre 1964. Martin Belcour commente ces estampes où deux corps s’entrelacent à l’envi : "Il [Pablo Picasso, ndlr] cherche quelque chose. Soit il cherche le graphisme, soit il cherche le truc qui va accrocher sur le dessin, et à mon avis, il ne l’a pas trop trouvé."
Chaque dessin est daté et numéroté méthodiquement. "On dit souvent que Picasso faisait des dizaines et des dizaines de tableaux tous les jours, mais là, ça montre que, avant de faire un tableau, il s’entraînait, il réfléchissait…", assure le galeriste Jean-Louis Manuel.
Il ne faisait pas des tableaux, comme ça, à toute vitesse.
Jean-Louis ManuelGaleriste
En 1955, Picasso emménage dans sa résidence cannoise, "l'Atelier de la Californie" qu’il a représentée dans l’un de ses carnets à chaque heure de la journée. "Il est assis dans un coin de son atelier, il ouvre son carnet et il redessine. Il a complétement oublié ce qu’il a fait la veille […] et il reprend un dessin tout neuf", raconte Martin Belcour.
Ces carnets pleins de surprises, comme une reproduction à la plume de l’œuvre de Rembrandt, L’Homme au casque d’or, plongent gratuitement les visiteurs dans un univers méconnu de Picasso jusqu’au 3 août de 14h à 18h.