La Corrèze à l’affiche d’un très beau film nommé Merrick sorti sur plusieurs plateformes de vidéo à la demande

Un scénario efficace, de beaux cadres, des dialogues minimalistes, des acteurs au jeu très juste, une belle recette pour le long métrage de Benjamin Diouris, intitulé Merrick. L’histoire se passe dans une Corrèze d’une beauté lumineuse sur fond d’apocalypse. Rencontre. 

Dans une atmosphère post-apocalyptique, lui est un ancien boxeur, elle est une réchappée d’un camp, le B6. Un virus a décimé la planète, et à côté de Brive-la-Gaillarde, deux êtres sont confrontés à la solitude à cause de la perte des leurs. N’y voyez là aucune peinture réaliste de la crise sanitaire actuelle, il s’agit d’une fiction sortie de l’imagination de Benjamin Diouris et tournée en 2016. « Il est venu en vacances trois jours chez moi. On s’est promenés, et il a flashé sur le lac du Causse, alors il m’a tout de suite dit qu’il fallait qu’il revienne. L’endroit l’a inspiré », raconte Mickaël Etrillard, coproducteur et acteur principal du film. Son jeu est bluffant, celui d’un boxeur inconsolé de la perte de sa fille et qui vit une réclusion de moine au lac du Causse. Que cherche-t-il ? Il a été nommé là par Mila, l’adjointe au maire qui a eu un rôle crucial dans son malheur, apprend-on plus tard, sans trop dévoiler l’intrigue. Merrick est une histoire émouvante, qui met aux prises deux personnages principaux, Stan et Esther dans une Corrèze qui fleure bon le décor de cinéma. 

« Un bon silence vaut mieux que des dialogues bidons »

Merrick est une fiction déchirante aussi à cause des blessures de Stan, un homme taiseux, qui vit en ermite avant que son quotidien ne soit bousculé par l’angoissante Esther échappée d’un camp. Le personnage d’Esther est joué par une bouleversante et mystérieuse Marie Colomb. Petite fille naïve, doublée d’une teigneuse qui désarçonne le personnage un peu bourru de Stan. 

On ne sait plus d’ailleurs dans le film si Esther, n’est pas le fantôme de sa fille qu’il a perdue avant l’épidémie ou le fruit du hasard. Ce sont deux personnages mutiques. « Il vit dans sa connerie à faire le deuil de sa fille, explique Mickaël. Elle lui a un peu ouvert les yeux » en perturbant sa routine. 

« Ce qui se passe maintenant, c’est juste la conséquence de ce qui s’est passé avant (…) tout ce qu’on fait influence les autres et le futur » lui dit Esther dans une phrase prophétique.

Après le mystère qui plane sur la vallée, le silence qui s’installe dans leur duo, le scénario s’accélère soudain par des scènes d’une violence parfois haletante, digne des films policiers. On s’y déplace beaucoup, à pied, à vélo, en voiture. Pour trouver du carburant notamment car l’énergie y est une denrée rare. 

 

Le lac du Causse est un personnage principal

Merrick est un bel hommage à un haut lieu de la Corrèze : le lac du Causse ou encore le village de Chasteaux. « C’est un film pop, qu’on a voulu très artistique. Je crois que pour trouver des films apocalyptiques français, il faut se réveiller tôt. On l’a fait de manière très poétique ».

Justement, il y a une très belle gestion de la lumière, notamment avec cette scène montrant Stan en plein entraînement très tôt le matin avec le lac en fond on dirait un tableau de maître.

La rosace vue d’au-dessus est très belle quand Stan s’y rend avec Esther à bout de bras pour lui faire voir ses tags.

Coup de foudre

Né à Segré près d’Angers, Mickaël arrive en Corrèze dans les années 2000. Il y était restaurateur quand un jour en sortant du cinéma Rex, à vingt-quatre ans il a eu le coup de foudre : faire du cinéma. Il monte à Paris, et retenu au cours Florent, les choses sont allées très vite jusqu’à la belle opportunité de jouer Merrick, dans lequel il est bluffant.

« Dès que Benjamin m’a expliqué mon rôle, je me suis mis à la boxe, et pendant un an, j’en ai fait de manière intensif. Mon personnage je l’ai beaucoup travaillé avant, j’ai perdu plusieurs kilos pour bien habiter mon personnage ».

Consécration

Entre 2016, date du tournage, et 2021 la distribution en VOD, c’est une histoire un peu folle que vit Mickaël et toute l’équipe. « On n’est pas passés par la voix classique, s’amuse le jeune producteur délégué. On a fait le film sans préachat, on n’avait aucune chance d’être repérés par une télé avec notre petit budget de 300.000 euros. La récompense c’est que 5 ans plus tard on est distribués sur plusieurs plateformes de vidéo à la demande : Canal VOD, iTunes, Apple TV, Google Play, Prime Video, Orange, Microsoft)", sourit Mickael, Briviste d’adoption.

« Je suis un amoureux de Brive, mes parents tiennent un commerce ici, je n’y suis pas né, j’y suis arrivé en 2001 et j’y suis resté », confie Mickaël.

 « Vous savez la consécration ultime c’est de passer au cinéma, mais pour moi, être en VOD c’est encore mieux, car au cinéma après trois semaines, on disparait sous le flot de films qui sort », raconte lucide, le jeune producteur.

Actuellement, Mickaël Etrillard travaille à deux courts métrages pour cet été et un troisième pour Arte prévu pour septembre. « Je produis un deuxième long-métrage pour fin 2022, début 2023. C’est un scénario pour l’instant, un policier dont j’aurai le rôle principal. Je ne dirai rien sur le réalisateur à ce stade du travail. » Superstitieux ou pas, l’aventure de Merrick est une belle carte de visite pour s’imposer dans le cinéma français et au-delà. Puisqu’il a déjà obtenu le prix d’interprétation féminine et masculine à Parme en Italie ; le prix du meilleur film au Los Angeles Independent Film Festival Awards ; ainsi que le prix du meilleur film étranger à Oxford…

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