C'est une main tendue qui permettrait de faire considérablement chuter le risque de récidive après la sortie de prison. L'association appelée Conscienta aide d'anciens détenus à se réinsérer. Elle vient de déménager à la Roche-Canillac (Corrèze) où cette installation n'est pas passée inaperçue dans ce village de 127 habitants.
De l'extérieur, rien ne distingue cette structure d'un restaurant traditionnel, sauf peut-être son nom : ici les tontons ne sont plus flingueurs, mais "cuisineurs".
D'anciens détenus se réinsèrent dans la société, comme Liam, 21 ans. "Moi, j'aime beaucoup ce qui rapproche de la clientèle, être proche des gens. Ça permet de parler avec tout le monde, d'être ouvert d'esprit, et d'être toujours axé sur la société. On est sorti de prison, on a envie de se réinsérer. On a envie de vivre une vie comme les gens normaux", explique Liam.
Auparavant installée à Seilhac (Corrèze) sous une forme plus expérimentale, l'association vient donc de déménager à la Roche-Canillac. Une installation qui n'est pas passée inaperçue dans ce village de 130 âmes.
Pour Karim, ce contact avec autrui passe par le sport et la boxe en particulier. Une activité qui lui permet d'extérioriser et de s'ouvrir aux autres. "Je m'entraîne pour moi-même, la boxe, c'est un sport que j'aime, car je peux évacuer ma haine, de passer mes nerfs. Des fois, de prendre de l'énergie positive", raconte Karim.
Comme Karim, vingt personnes font vivre ce lieu. Mais les craintes liées à cette installation ont vite laissé place à la joie, celle de voir cet hôtel redonner vie au village, après vingt-cinq ans de fermeture.
"C'est quand même un projet qui n'est pas anodin, c'est un public particulier. Je ne vous cache pas que personnellement, ce qui me fait plaisir, c'est de voir aujourd'hui des visages qui étaient, au départ, fermés et qui sont beaucoup plus ouverts, donc, c'est déjà un élément de satisfaction", se félicite Patrick Leresteux, Maire de La Roche-Canillac.
Travailler et se reconstruire
En plus de ces actions sociales, ouverte sur l'extérieur, l'association œuvre aussi à la reconstruction intérieure de chacun. Ici, 24 chambres proposent un accueil d'urgence inconditionnel de vingt-quatre places et un accès à des colis alimentaires à ces ex-détenus, pour leur garantir l'accès aux premières nécessités. Un sas d'adaptation et d'accompagnement, par des pairs aidants, pour leur permettre de se réinsérer plus efficacement.
"Avec le phénomène de groupe, et de communauté, en fait, ils s'adaptent de plus en plus vite, à la vie en communauté. C'est vrai qu'avant, ils mettaient du temps, mais là, c'est de plus en plus rapide. Donc, c'est vrai qu'il y en a qui sont arrivés depuis deux ou trois mois, on croirait qu'ils sont là depuis un an", se réjouit Maria-Ange Nowak, coordinatrice générale de l'association.
Une main tendue qui permet de faire chuter de 65 à 5% environ le risque de récidive des membres de la structure, et pour laquelle cette dernière, appelle au don.