27 communes de Corrèze ont été reconnues en état de catastrophe naturelle le 3 mai dernier, après la sécheresse de l’été 2022. Un soulagement pour les victimes de maisons fissurées. Elles peuvent monter un dossier d’indemnisation auprès de leur assureur. Comment se prémunir de tels risques ? On vous dit tout.
Nous habitons notre maison depuis 1977, depuis 46 ans, nous n’avons jamais observé la moindre fissure, sauf depuis l’été dernier.
Un habitant d'Allassac en Corrèze
À l’automne 2022, cet habitant d’Allassac, qui a souhaité rester anonyme, a vu des fissures apparaître sur le crépi des murs extérieurs de sa maison. Un propriétaire rassuré que sa ville fasse partie des 27 communes de Corrèze répertoriées par un arrêté de reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle pour "glissement de terrain consécutif à la sécheresse et à la réhydratation des sols". Il a jusqu’au 2 juin prochain pour demander le passage d’un expert et une indemnisation à son assureur.
Une maison fissurée, ça coûte cher à réparer
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Chrystelle Chassagne, vit dans un lotissement à Isle en Haute-Vienne. En rentrant de vacances en 2018, elle a vu sa maison fissurée de toutes parts.
C’était assez impressionnant, la maison était comme coupée en deux.
Chrystelle Chassagne, propriétaire
Par chance, la commune est, à l’époque, placée en état de catastrophe naturelle. Chrystelle Chassagne a pu entamer de longues démarches qu’elle décrit comme fastidieuses. In fine, elle a pu obtenir gain de cause : une indemnisation pour financer les lourds travaux effectués pour sauver sa maison. « Comme des pilotis, plus d’une vingtaine de micropieux en béton ont été coulés tout autour de la maison, descendant jusqu’à 12 mètres de profondeur, sous la couche d’argile. Des travaux qui, au bas mot, ont coûté au moins 150 000 € ».
Un coût important pris en charge par l’assurance. Les propriétaires ont eu à régler une franchise de 1 500 €.
Une indemnisation non-systématique
Auparavant, les personnes sinistrées avaient dix jours pour se déclarer auprès de leur compagnie d’assurance. Depuis le 1er janvier 2023, ce délai est passé à trente jours, à compter de la publication de l’arrêté de catastrophe naturelle au Journal Officiel.
L'État fixe le montant de la franchise. Un particulier devra débourser 380 €. Un professionnel, 10% des dommages avec un minimum de 1 140 €.
Jean-Luc Lavialle, expert indépendant possédant un cabinet à Brive, sillonne les routes du Limousin. Chaque jour, il examine des maisons, des constructions après des sinistres. Les maisons fissurées dues à la sécheresse représentent près de 70% de son chiffre d’affaires.
« Quand une maison ancienne se met à fissurer depuis deux, trois ans, il est difficile pour un assureur de dire que c’est un problème de construction, explique Jean-Luc Lavialle. Je demande la réalisation d’une étude de sol géotechnique, l’analyse du sol argileux et son indice de plasticité. La preuve est apportée par un laboratoire indépendant. Cela nous permet de déterminer si c’est un facteur déterminant ou aggravant. »
Un expert qui recommande de s’armer de patience et de détermination. En fonction des cas, il estime le délai entre douze à seize mois pour régler ce type de sinistre.
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Pourquoi la sécheresse fragilise-t-elle autant ces maisons ?
Ces sols argileux, c'est comme un mille-feuilles !
Jean-Christophe Audru, directeur délégué du Bureau de Recherche Géologiques et Minières de Poitiers
« Quand il pleut, poursuit Jean-Christophe Audru, l’eau se met entre les feuillets d’argile. L’été, l’eau s’évapore, le mille-feuille se tasse. Un phénomène d’oscillation qui a une incidence sur les fondations des maisons. »
Le Bureau de Recherche Géologiques et Minières établit une cartographie des sols qui permet de connaître la qualité et la quantité d’argile présentes sur un terrain. Il est recommandé, avant d’acheter une maison, de demander un diagnostic des sols. Le site gouvernemental Georisques permet également d’en savoir plus sur la parcelle avant acquisition. Des démarches essentielles en ces temps de sécheresse... afin d’éviter de futurs déboires.
