Ce mercredi 8 juin 2022, les détenus de la maison d'arrêt de Tulle votaient pour les élections législatives. Depuis 2019, l'autorisation du vote par correspondance a redonné un réel attrait à ce moment citoyen.
Petite urne, isoloir. Tous les éléments du décor sont là. Sauf que ce bureau de vote est entouré de barreaux et de verrous. C'est celui de la maison d'arrêt de Tulle.
"Prenez les différents bulletins et allez dans l'isoloir. A voté !"
Les détenus se pressent dans le petit bureau de vote. 23 vont se succéder pendant la journée.
Pour moi, la politique, c'est important. J'en parle avec quelques codétenus. Je trouve que c'est important qu'on ait accès au droit de vote. J'ai l'impression d'être un peu comme tout le monde
Christophe, détenu
La privation de liberté n'est en effet pas synonyme d'interdiction de vote. Les débats ne sont pas forcément enflammés dans le monde carcéral. Pour autant, les détenus savent s'y forger des opinions.
"Je regarde la télé, je regarde les candidatures, je les lis, je m'intéresse à ce qu'ils peuvent dire. Il y a des choses qu'on aime et d'autres non. Il ne faut donc pas faire d'erreurs. Moi j'ai eu mon idée dès le départ. Le vote c'est important. J'ai un enfant, je pense à son avenir ", explique Icham.
93 détenus sont actuellement incarcérés à la maison d'arrêt de Tulle, dont un tiers sont inscrits sur les listes électorales. 2019 a changé la donne. L'autorisation du vote par correspondance a quadruplé le nombre d'électeurs derrière les barreaux. Avant, il fallait faire des procurations, c'était plus compliqué. Certains détenus demandent des permissions pour pouvoir voter. Elle sont rarement accordées.
Contrairement aux idées reçues, ils ne méprisent pas ce moment démocratique. Ils y sont sensibilisés notamment par l'enseignant de la prison qui rappelle les droits et les devoirs des citoyens.
"Un détenu lors de la Présidentielle m'a dit : à 50 ans je n'ai jamais voté mais maintenant que je suis incarcéré, j'ai encore un droit, c'est celui de voter et je veux l'utiliser ce droit", relate Thierry Jouffroy, directeur de l'établissement pénitentiaire de Tulle.
Voter permet aussi d'envisager l'après, la sortie.
"Il faut qu'ils continuent à se sentir investis dans la société, en tant que citoyens, savoir qu'ils ont un rôle à jouer. Ça peut remettre en cause une forme de stigmatisation qui peut parfois les pousser à commettre de nouveaux faits" explique Gaëlle Capitaine, directrice du service pénitentiaire d'insertion et de probation.
Taux d'abstention en prison 0% : tous les inscrits votent.