VIDÉO. Exécution de 47 prisonniers allemands en 1944 en Corrèze : "ce n'est pas une surprise, c'est une confirmation" pour l'historien Fabrice Grenard

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Témoignage d'Edmond Réveil sur l'exécution de soldats allemands à Meymac en Corrèze : l'analyse de Fabrice Grenard, historien spécialiste de la Résistance et auteur du livre "Tulle enquête sur un massacre : 9 juin 1944". ©France Télévisions

Le résistant Edmond Réveil a révélé l'exécution de 47 prisonniers allemands, en 1944, en Corrèze. Fabrice Grenard, historien spécialiste de la Résistance et de la Seconde Guerre Mondiale, revient sur ce témoignage. Interview.

47 soldats allemands exécutés en 1944 en Corrèze, c'est la révélation faite par Edmond Réveil, résistant. 

Fabrice Grenard, historien spécialiste de la Résistance, était notre invité au JT 12-13 Limousin ce mardi 16 mai 2023. Il est notamment l'auteur de l'ouvrage "Tulle, enquête sur un massacre, 9 juin 1944" paru en 2014 aux éditions Tallandier. Il revient sur ce secret bien gardé.

Ce témoignage est-il une surprise pour vous ?

C'est une confirmation puisqu'on savait que des soldats allemands avaient été faits prisonniers lors des événements des 7 et 8 juin 1944 à Tulle, ils avaient été emmenés par le Maquis et on perdait ensuite leur trace. Le commandant régional avait, d'ailleurs dans un témoignage, expliqué qu'il avait donné l'ordre de les exécuter, donc ce n'est pas une surprise, c'est une confirmation. Ce qui est nouveau, c'est qu'on sait maintenant combien ils étaient, 47. Et on sait l'endroit, Meymac.

L'exécution aurait eu lieu le 12 juin 1944... Pouvez-vous nous remettre dans le contexte très particulier en Corrèze et dans le Limousin ?

On est quelques jours après des événements tragiques. À l'annonce du débarquement allié le 6 juin 1944, le maquis de Corrèze FTP décide d'attaquer la ville de Tulle pour libérer la préfecture du département. Les combats durent deux jours, les 7 et 8 juin.

La ville est quasiment aux mains des maquis, mais au soir du 8 juin, la division SS Das Reich arrive à Tulle et reprend le contrôle de la ville. Elle va exercer des représailles terribles : rafler l'ensemble de la population masculine, pendre 99 personnes aux balcons, en déporter 145... Et puis le 10 juin, il y a, bien sûr, le plus grand massacre opéré en France, celui d'Oradour-sur-Glane.

Est-ce que ces résistants auraient pu faire autre chose que d'exécuter ces prisonniers ?

C'est terrible, mais je pense que malheureusement, il n'y avait pas d'autres solutions. Le commandant Rivière- le colonel Godefroy, qui a donné l'ordre d'exécution, a expliqué pourquoi il avait décidé de passer par les armes ces soldats allemands. Le maquis n'avait pas les moyens de garder 47 personnes à nourrir, à interner, le maquis n'en avait pas les moyens, c'était très compliqué.

Ils ne pouvaient pas non plus les relâcher, car ces Allemands avaient trop d'informations sur le fonctionnement du maquis. Et puis il faut bien rappeler que les Allemands eux-mêmes ne considéraient pas les maquisards comme des soldats réguliers, mais comme des terroristes, donc à chaque fois qu'un maquisard était fait prisonnier par les Allemands, il était exécuté sommairement.

En 1967, 11 corps ont été inhumés, pourquoi rien n'est-il sorti à ce moment-là ? Pourquoi n'a-t-on pas continué à chercher ?

Peut-être, car l'exécution de soldats allemands qui auraient peut-être dû avoir le statut de prisonnier de guerre est quelque chose qui pose problème, il ne fallait pas noircir l'image de la Résistance en 1967.

Ce qu'il s'est passé en Corrèze n'est pas un cas isolé, on trouve dans d'autres départements des exécutions de soldats prisonniers allemands au cours de l'été 1944.

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