Comme les pomiculteurs il y a quelques semaines, les producteurs de noix organisaient ce mercredi 22 février une opération choc symbolique en Corrèze. L'arrachage de noyers dans les vergers doit alerter sur le péril qui pèse sur la filière française.
La tractopelle ne fait pas dans la dentelle. En quelques poussées, les branches d'abord, le tronc ensuite, sont mis à terre. Le noyer, pourtant de belle taille, gît au sol. Nous sommes à Altillac, près de Beaulieu-sur-Dordogne, chez Alain Soulier. Ce producteur a décidé cette opération choc pour dénoncer un marché de la noix saturé et peu rentable. Cette année, on leur propose de leur acheter leur stock à 0,40 centime le kilo.
"À partir de novembre et décembre, normalement, toutes les noix dans nos fermes sont parties et vendues. Cette année, les opérateurs ont stocké, mais n'ont pas vendu. On travaille avec Promonoix, c'est un groupement de mise en marché. Nos négociants n'ont pas pu nous les prendre parce qu'ils n'ont pas eu de demande. On va essayer de faire autre chose. La noix ne paye plus. On n'a pas vendu notre récolte. Comment on va faire l'année prochaine ?".
Les 3000 arbres de ce verger, représentant 40 tonnes de noix par an, sont donc en sursis. Alain a déjà dû vendre une partie de son bétail pour compenser le trou dans sa trésorerie qu'implique l'absence de vente de ses noix.
Pourquoi cette situation ? La demande au niveau international est au plus bas à cause de la baisse du pouvoir d'achat. Alors même que la production a été plutôt bonne cette année, y compris aux États-Unis et au Chili, les deux autres gros exportateurs. Deux pays où les stocks post-Covid étaient demeurés importants. Le marché est de ce fait totalement engorgé. Du jamais vu.
Si une solution n'est pas trouvée rapidement, c'est toute la filière de la noix française qui est menacée. C'est en tout cas ce qu'affirment les producteurs venus des départements voisins, Lot et Dordogne. Dans le Dauphiné, l'autre grand secteur de production en France, la situation est identique.
Les syndicats réclament donc des aides immédiates des pouvoirs publics. Une aide au kilo, au retrait, pour le stockage ainsi qu'une promotion pour inciter à consommer des noix locales.
En Corrèze, cette production représente 1000 ha répartis sur 360 exploitations, soit 3 ha par exploitation avec un potentiel de production de 1500 tonnes, principalement sur les cantons de Beaulieu et Meyssac.