Chaque année, depuis quatre-vingts ans, le petit village de Dontreix, dans l’est de la Creuse, organise une cérémonie pour rappeler que deux jours avant le Débarquement, des maquisards furent exécutés là par des troupes allemandes et la milice française. L’émotion était encore grande, lors de la commémoration qui s’est tenue ce dimanche 2 juin 2024.
Parmi les nombreux et tragiques événements qui marquèrent le mois de juin 1944, ceux qui se sont déroulés à Dontreix ne sont pas très connus, même dans la région, et beaucoup de zones d’ombres, ou d’interrogations, les entourent.
Ils n’ont bien sûr ni l’ampleur ni l’horreur de ceux de Tulle ou d’Oradour, mais c’est pourtant la même barbarie qui s’est abattue dans ce petit village, perdu entre Limousin et Auvergne, le 4 juin 1944.
Ici, dans le hameau de Manérol exactement, s’était réfugié depuis plusieurs semaines des membres du maquis FTPF Gabriel-Péri, venus du Puy-de-Dôme.
Vraisemblablement, à la suite de l’arrestation et au martyr d’un des maquisards, renvoyé en mission en Auvergne, des troupes allemandes, accompagnées par des supplétifs de la milice française, se lancent à l’assaut du massif où se trouve donc le groupe, dans la matinée du 4 juin.
Une sentinelle donne l’alerte, et ses tirs permettent à une partie des maquisards de s’enfuir. Mais certains sont tués lors du combat, et d’autres faits prisonniers, avant d’être fusillés. Les suppliciés seront ensuite défigurés à coups de crosses, et la maison où ils s’étaient réfugiés, incendiée.
De ce drame, il ne reste plus qu’un émouvant pan de mur, avec une plaque indiquant qu’ici, dix FTPF (Francs-Tireurs et Partisans Français) sont tombés, pour la libération des peuples.
Mais sur la stèle du village, seuls sept noms sont gravés. Les trois autres ? Des pistes évoquent des enrôlés de force luxembourgeois qui auraient déserté la Wehrmacht, et rejoints les maquisards. D’autres évoquent encore la présence, parmi les victimes, d’un de leurs dénonciateurs. On ne le saura probablement plus jamais, mais il y a tout de même cette certitude : dix hommes sont tombés ce jour-là, victimes de la barbarie nazie.
Et chaque année, une cérémonie les honore.
Avec, cette fois encore, pour ces quatre-vingts ans, beaucoup d’émotion, et de nombreux porte-drapeaux, pour que le drame de Dontreix, lui aussi, ne soit jamais oublié.
