L’aventure américaine de la Manufacture Robert Four va démarrer dès le mois de mai. Elle va ouvrir son premier showroom à l'étranger. La plus importante manufacture de tapisseries d'Aubusson va partager un showroom collectif avec d'autres artisans français à New York. Rencontre avec son président.
« C’est un investissement important, mais c’est un risque mesuré », admet confiant Pierre-Olivier Four de la manufacture du même nom. Pragmatique, le chef d’entreprise veut aller chercher des parts de marché outre-Atlantique pour assurer le développement de son entreprise.
« On fait déjà beaucoup de vente aux États-Unis. C’est un endroit beaucoup moins touché par la crise ukrainienne, avec des clients qui ont un pouvoir d’achat plus important. Ils ont un grand intérêt pour les produits français », argumente-t-il.
L'entreprise aubussonnaise cherche à écouler sur le marché nord-américain des tapis, des tapisseries pour recouvrir du mobilier, mais aussi des pièces d'art. Le but est également de se faire connaître auprès d'artistes et de galeristes. Dans leur démarche, ils ont été accompagnés par France Export, un organisme public en charge de l’export, dans le cadre du dispositif Assurance prospection. Depuis août 2022, La manufacture travaille avec un partenaire à New York qui a fait une étude de marché pour elle. Avec ses partenaires, la manufacture a planifié plusieurs actions. Un partenaire lui donne accès à un showroom avec d’autres confrères qui travaillent dans le domaine de l’ameublement. Les premières actions sont prévues au mois de mai.
Quel modèle économique ?
« On fait déjà du chiffre d'affaires aux États-Unis à l’occasion de ventes ponctuelles, mais ce showroom devrait nous permettre de dégager du chiffre d'affaires de manière plus régulière », espère le chef d’entreprise. Surtout que l’entreprise creusoise verse déjà une redevance mensuelle depuis 2022. En plus, « on a embauché une cadre Export qui est diplômé de l’École de commerce de Lyon, plus un designer textile. Sur place aux USA, on a une équipe commerciale. Pour démarrer ce projet, on va dépenser 900.000 euros sur trois ans. On a fait appel à l’Assurance prospection qui dépend de l’État français » détaille Pierre-Olivier Four. C’est un dispositif très ancien qui est là pour aider les initiatives des entreprises françaises.
La tapisserie, combien ça coûte ?
« 90% de notre chiffre d'affaires, c’est de la tapisserie tissée sur des métiers de lisse » confie le chef d’entreprise. Des métiers aubussonnais utilisés à Aubusson depuis 600 ans, on parle de la basse lisse et de la haute lisse.
La valeur d’une tapisserie dépend de la complexité du dessin, mais également de la surface de l’œuvre. On peut avoir des produits très complexes, et les prix de vente sont très variables. « Si les dessins sont complexes, cela peut monter très haut. Une tapisserie peut démarrer à 15.000 euros pour les produits les plus simples, et cela peut monter jusqu’à 1 million 100 mille euros. Cela dépend de la complexité et de la quantité de travail à accomplir » estime Pierre-Olivier Faure.
Clientèle américaine
Les clients américains de la manufacture sont essentiellement des particuliers (la plupart du temps, c’est pour des travaux résidentiels). Des gens qui ont des lieux à décorer, des architectes. C’est d’abord cette clientèle que le chef d’entreprise envisage, alors qu’en Europe la clientèle est composée de particuliers, mais aussi des entreprises, des institutions. « Ce que l’on propose, ce sont des produits très onéreux et la clientèle américaine a les moyens d’investir dans nos produits ».
Prévision de chiffre d’affaires
La manufacture Robert Four va dépenser 300.000 euros chaque année, et espère bien à terme faire un chiffre d’affaires d’1,5 million d’euros par an. Pour rappel, en 2022, la manufacture Four a dégagé un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros. Ce qui fait dire au patron d’entreprise que « ce chiffre d’1,5 million d’euros par an, est un risque raisonnable, car il y a un potentiel important aux États-Unis ».
La manufacture Four en chiffres :
La manufacture Four compte 75 employés en France, plus 75 personnes en Tunisie. L’entreprise existe depuis 70 ans. « Cela fait 27 ans que je la dirige et je n’ai jamais licencié aucun salarié, à part un ou deux commerciaux dont on s’est séparé. Après, ça nous est arrivé de faire du chômage partiel, mais cet investissement est un risque mesuré », rassure le président de la SAS. Il s’agit d’un investissement important, avec une rentabilité très faible, avec aucun gain de productivité. « C’est la raison pour laquelle l’Assurance protection est une bonne aide allouée aux entreprises pour exporter à l’étranger », se satisfait-il. Il s’agit d’un prêt remboursable.