L’annonce a pris par surprise : Michel Moine quitte son poste de maire d’Aubusson en Creuse, fonction qu’il occupait depuis 2001. Il l’a annoncé ce jeudi 8 juin, après une déclaration de dix minutes, après l’ouverture du conseil municipal de la cité de la tapisserie.
La démission surprise de Michel Moine
"J’ai une claire conscience que je n’incarne pas l’avenir désormais. J’ai été profondément marqué par la démarche d’André Lejeune, qui avait transmis son écharpe de maire à mi-mandat à Michel Vergnier en 1998 [NDLR : à la mairie de Guéret]. Là est l’honneur de la politique : dans le fait de concourir à l’émergence de nouveaux élus, et dans la transmission. Le moment est venu pour moi de transmettre. J’ai donc présenté ma démission de maire d’Aubusson à madame la Préfète de la Creuse, qu’elle ne tardera pas à accepter. Je deviendrai donc un simple conseiller municipal. "
Quelques lignes du long discours par lequel Michel Moine a ouvert le conseil municipal de ce jeudi 8 juin, et où il annonce donc, à la fin, sa démission.
Un mandat de maire débuté en 2001
Élu maire de la cité de la tapisserie pour la première fois en 2001, il avait été depuis toujours reconduit, de peu certes, pour la quatrième et donc dernière fois, avec seulement quarante-cinq voix d’avance sur son adversaire Jean-Luc léger, profitant d’une triangulaire avec le maintien de la liste de droite.
Si ses campagnes municipales furent donc victorieuses, ses autres ambitions politiques creusoises ne connurent pas le même succès : défaite aux législatives en 2002, et une mise à l’écart au profit de George Sarre en 2007, deux échecs pour être candidat aux sénatoriales, une défaite aux cantonales en 2011, le tout ponctué par sa démission du PS en 2016.
L'affaire de Creuse Grand Sud
Mais c’est surtout l’affaire des finances de Creuse Grand Sud, qui a marqué ses dernières années politiques, avec un déficit de plusieurs millions, une démission de la présidence en 2016 et de longues procédures judiciaires qui ont terni son image.
Michel Moine a d’ailleurs évoqué ces faits dans son discours : "Quand je me regarde dans la glace, je supporte sans difficultés l’image qu’elle me renvoie. Mes enfants n’ont pas à rougir de leur père. Pourtant, vous le savez, j’ai connu des circonstances difficiles, où mon nom et mon honneur ont été jetés en pâture à l’opinion publique par une presse écrite et audiovisuelle dénuées de toute prudence. Ainsi, mon blanchiment par la Cour des Comptes de toute gestion de fait n’a fait que de quelques lignes dans la presse, alors que ma scandaleuse et incompréhensible condamnation initiale par la Chambre Régionale des Comptes en avait fait les choux gras."
Quelles raisons ?
S’il ne donne, hormis sa volonté de "concourir à l’émergence de nouveaux élus, et […] la transmission", pas de véritable raison à sa démission surprise, Michel Moine, 61 ans, rappelle plusieurs incidents, l’ayant profondément marqué.
"Depuis 9 mois, et en dépit des déclarations gouvernementales et présidentielles, je suis toujours dans l’attente que ma plainte, après qu’une automobiliste a essayé de me renverser en août dernier, fasse l’objet d’une réponse pénale. Là est la violence à laquelle les élus ont à faire face. Je n’oublie pas que mon nom avait été inscrit sur le monument aux morts lors de la campagne municipale. J’avoue avoir un peu de mal à faire le vide là-dessus. "
Les réactions
C'est une surprise, car je pense que c'est un monsieur qui tenait beaucoup à rester maire.
Un habitant d'Aubusson ce vendredi matinà France 3 Limousin
Interrogés ce vendredi matin, les Aubussonnais et les Aubussonnaises réagissaient différemment à cette annonce. Dans la vidéo ci-dessous, il y a ceux qui comprennent, les indifférents, les reconnaissants et puis ceux qui pensent déjà à la suite, au micro de Camille Chignac et Nicolas Chigot :
Quant à Jean-Luc Léger, conseiller municipal d’opposition (PS) et opposant principal de Michel Moine, il était l’invité de l’édition de France 3 Limousin de la mi-journée.
Michel Moine n’a pas désigné de successeur, il a annoncé la tenue d'un nouveau conseil municipal fin juin ou tout début juillet, pour procéder à l’élection du nouveau maire et de ses adjoints.