En renonçant à la territorialité des mesures, le président de la République a décidé, le 31 mars 2021, de reconfiner tout le pays, y compris les départements avec le plus faible taux d'incidence. C'est le cas en Creuse où certains habitants ont du mal à comprendre cette décision.
57,6. Un taux d'incidence parmi les plus bas de France qui laissait espèrer aux Creusois qu'ils passeraient entre les mailles du filet encore une fois. Mais pas de chance, le Président en a décidé autrement.
Un des premiers à s'insurger a été Michel Moine, qui une fois n'est pas coutume, s'est fait le porte voix des Creusois récalcitrants. Le maire d'Aubusson a même décidé d'écrire une lettre à Emmanuel Macron. Au coeur de l'argumentation du maire d'Aubusson et de nombreux creusois croisés aujourd'hui, le port du masque obligatoire dans l'ensemble du département décidé par la préfecture au début de l'épidémie. Une obligation qui est peut-être en partie responsable des "bons" scores affichés. Département le plus vieux de France, la Creuse a pu bénéficier, proportionnellement à la population, d'une couverture vaccinale plus importante. Au vu des efforts consentis, certains creusois estiment donc particulièrement injustes d'être à nouveau confinés.
Le maire d'Aubusson demande donc des aménagements. "Ne pourriez-vous pas envisager que la préfète de la Creuse dispose d'une certaine marge de manoeuvre pour que les nouvelles meusres nationales puissent s'adapter à la réalité de la situation locale ?" demande Michel Moine au Président de la République.
Il est en partie suivi sur ce terrain par Jean-Baptiste Moreau, le député LREM de la Creuse. Il indique sa volonté de reflechir avec l'Etat à adapter au mieux les mesures dans le département. "Il faudrait notamment un desserement de la contrainte notamment sur les 10 ou 30 kilomètres pour aller faire ses courses qui sont difficilement tenables dans un territoire à faible densité de peuplement comme le nôtre". Le député plaide également pour la possiblité "d'une prise de rendez-vous dans les magasin dit non essentiels pour qu'ils puissent accueillir quand même les clients avec des protocoles sanitaires et sur rendez-vous".
Il alerte malgré tout sur la volatilité de la situation et dit donc comprendre le caractère national du confinement. "La Dordogne était au même niveau que nous il y a quelques semaines et se trouve maintenant au niveau de la Nièvre. La situation peut bouger très vite". La ruralité n'est effectivement pas toujours un gage de protection face au virus.
Inquiétude confirmée par l'ARS : "Un taux d'incidence peut augmenter extrêmement vite. En octobre 2020 nous sommes passés en un mois d'un taux de moins de 50 à quasiment plus de 400 et même plus de 500 pour les plus de 65 ans. On s'est retrouvés face à un mur en moins d'un mois"explique Isabelle Dumond directrice de la délégation départementale de l'ARS. Depuis la nouveauté se sont les variants qui augmentent aussi dans le département. 80% des personnes testées positives en Creuse sont touchées par le variant anglais et 10% par le variant sud-africain.
Autres récalcitrants : les commerçants. Comme partout ailleurs leur situation est très fragile. Dans l'hyper centre de Guéret où la situation était déjà délicate avant l'épidémie, le moral n'est pas au beau fixe. "Je pense que nous en Creuse on aurait pu rester ouvert" assure, dépitée, Catherine Bataille commerçante en face de la préfecture.
A défaut d'échapper au confinement, le département s'est une nouvelle fois offert, à peu de frais, une bonne campagne de pub nationale. Premier reportage chez nos confrères de France 2 à midi, la Creuse et son faible taux d'incidence ont fait la une aujourd'hui. De quoi faire venir toujours plus de citadins et risquer d'accroitre le risque de contaminations...