Prévues depuis deux ans, les premières rencontres des patois creusois se sont finalement déroulées ce week-end à Ajain, en Creuse. Près de 400 personnes ont assisté à ce rendez-vous.

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Même si aujourd’hui le patois est beaucoup moins pratiqué, il reste un sujet fédérateur. Preuve en est, les premières « Rencontres creusoises du patrimoine linguistique au cœur des terroirs marchois », du 12 au 14 novembre 2021, qui ont réuni environ 400 personnes à Ajain. "C’est la rencontre des patois de la Creuse, explique Denis Nicolas, l’un des animateurs du projet. On a associé six clubs patoisants, c’est la première fois qu’on fait ça pour monter cet évènement".

Petit rappel historique. Dès le premier siècle après Jésus-Christ, deux langues, dérivées du latin, apparaissent : au nord, la langue d’Oil (qui deviendra le français) et au sud, la langue d’Oc. Entre ces deux zones, on trouve une « ligne » géographique en forme de croissant qui va de Confonlens (Charente) à Roanne/Grenoble (Isère) en passant par la Creuse, où les deux langues se côtoient.

En Creuse, trois zones linguistiques se distinguent : au nord (au-dessus de la RN 145), on trouve les « parlers du Croissant » (mélanges langue d’Oc et langue d’Oil). Au sud-ouest (de Guéret), c’est la zone occitane, dialecte Limousin et au sud-est, la zone occitane, dialecte Auvergnat.

A chacun son patois

Mais dans les campagnes, ce qu’on entend avant tout, c’est le patois. Ou plutôt, les patois. Dans le département creusois, on trouvait ainsi plus d'une dizaine de « parlers » différents :

On peut parler des patois différents d’une commune à l’autre, même si elles sont voisines,. C’est une question d’intonations, parfois de mots qui changent d’un endroit à l’autre. Mais les gens arrivaient toujours à se comprendre.

Denis Nicolas, animateur du projet "Rencontres creusoises"

Surtout quand il y avait des affaires à faire : « Les foires aux bestiaux qui avaient lieu à Boussac, à Chénérailles, à Giat (Puy-de-Dôme), les gens se comprenaient parfaitement, ils arrivaient à faire des affaires sans avoir exactement le même patois ».

Une langue riche

Jusqu’aux années 50, le mode de vie des paysans reste assez sédentaire ce qui a permis de conserver les divers patois avec des mots et surtout des intonations différentes. « Les intonations sont très importantes. On a une langue qui est très musicale, beaucoup plus que le français par exemple. Vous avez des diphtongues, comme en Anglais ou dans d’autres langues. On a une langue complexe et une langue de tradition et de transmission orale », explique Denis Nicolas.

La fin du patois

Au cours de l’histoire, ces différents patois sont mis à mal. En 1539, François 1er signe l’Ordonnance de Villers-Cotterêts. La langue française devient la langue officielle en France. A la Révolution, l’Abbé Grégoire menace de la guillotine ceux qui parlent une autre langue que la langue française. Plus tard, la migration des maçons de la Creuse, puis la Première Guerre Mondiale, crée un brassage des langues qui dilue peu à peu les patois. Le « coup de grâce » arrive dans les 30/40 : le ministre de l’instruction publique, Jules Ferry rend l’école gratuite et obligatoire, mais il faut parler français.

 

Le patois revit

Au programme de ces premières Rencontres des patois creusois : un colloque, des échanges avec des éditeurs spécialisés et dimanche 14 novembre 2021, du théâtre qui a fait le plein à la salle polyvalente d’Ajain. Plus d’une centaine de personnes ont ainsi découvert les saynètes écrites par les associations de patoisants. Sur scène, près de 80 acteurs, conteurs, souffleurs ont raconté en patois des histoires autour de la vie et la culture paysanne d’autrefois.

« Neu van labourâ, imbéi loou dou chavô » (Nous allons labourer, avec les deux chevaux). La première histoire est interprétée par Elise :

« On est sur la saison des labours, avec mon mari Médée on est en train de labourer le champ pour préparer les semis au printemps ».

Elise Maleterre, membre de "La Troupe"

Autre histoire, celle des récoltes et notamment celle des pommes de terres qui étaient ensuite vendues « à la capitale » . « Las tréflas an tot par plare » (Les pommes de terre ont tout pour plaire). "Ce sont les pommes de terres qu’on envoyait aux Parisiens. Quand on en faisait beaucoup, on en vendait alors on allait à la gare avec le tombereau et on les mettait dans le train pour Paris », raconte Jacques Couturier, un comédien. 

Dans la salle, les visages encadrés de cheveux gris ou blancs sont suspendus aux lèvres des comédiens amateurs ou suivent les paroles sur des livrets qui ont été remis à l’entrée. Le temps d’un week-end, les souvenirs remontent à la surface et le patois renait, comme à l'époque des veillées.

Découvrez ci-dessous le reportage de Philippe Mallet, Noëlle Vaille et Mary Bernhard avec la participation de Denis Nicolas, animateur du projet Rencontres Creusoises, Elise Maleterre, Jacques Couturier et les chanteurs et chanteuses de Si N'Chantavan.

 

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