Dans la Creuse ce lundi, Alain Rousset, le président de Nouvelle-Aquitaine a visité le LMB de Felletin. Il a fait le point sur l'avancée des travaux suite aux 46 millions d'euros accordés en avril 2019 et sur l'école régionale du patrimoine bâti, dans ce fleuron de l'enseignement professionnel.
Avec son marteau et son ciseau à graver, Matéo a le geste appliqué. Meilleur apprenti de France en taille de pierre, il prépare son brevet des métiers d'art, après une formation au Lycée des Métiers du Bâtiment. Il n'a pas d’inquiétudes sur les débouchés, mais la reconnaissance "école du patrimoine", c'est quand même un plus sur son CV.
« Ça ouvre les portes parce que ça intéresse les entreprises. Ça fait un an, et j’ai acquis un certain savoir du coup. Un savoir-faire qui est reconnu », se satisfait-il.
Un nouvel élan pour le LMB, dans lequel la région a investi 46 millions d'euros pour sa réhabilitation. Après les travaux de l'internat, la prochaine étape, c'est la restructuration des ateliers. Un grand projet voulu au cœur de la campagne.
« Je pense que l'avenir, explique le président Rousset, c’est de créer autour des lycées des universités à la campagne. Où l’on peut se préparer à Bac + 3, Bac + 4, parfois comme à la Souterraine, Bac + 5. Donc il y a un travail à faire et c’est à partir de là qu’on va redonner confiance dans notre école, et que l’on va recréer l’ascenseur social ».
Les investissements portent déjà leurs fruits. Il y a trois ans, le LMB était menacé de fermeture, trop peu d'élèves. Aujourd'hui, une nouvelle classe de seconde a été ouverte, et le lycée attire à nouveau les vocations, avec une centaine de jeunes en plus.
Quelques éléments clés de l’opération : 2200 m² de construction neuve
9890 m² de restructuration et remise à niveau technique et amélioration énergétique.
Réaménagement des espaces extérieures, pour plus de place à la nature.
Estimation de l’opération : 24 millions d’euros.
Début des travaux : janvier 2022 pour 48 mois.
« Si nous confirmons le même recrutement pour les rentrées scolaires suivantes, affirme Pierre-Philippe Tomi, le proviseur du Lycée des Métiers du Bâtiment, mécaniquement, nous pouvons atteindre assez rapidement le chiffre de 600 apprenants. A ça, il faut ajouter le développement très fort de la formation continue pour des salariés en entreprise », détaille-t-il.
Preuve du savoir-faire des élèves, l'original d’une balustrade remarquable dévoilé ce jour-là, et qui est exposé au centre pédagogique de Notre Dame de Paris.
Un projet pour participer aux travaux de la cathédrale, comme un symbole du renouveau du Lycée des Métiers du Bâtiment.
La filière professionnelle en Limousin
Le lycée des métiers du bâtiment fait partie de la filière professionnelle en Limousin, une filière mise à l’honneur durant toute la semaine à l’occasion de la 1ère édition de la semaine des lycées professionnels.
Mais que représente-t-elle exactement ? Aujourd'hui, dans notre académie, 5840 lycéens sont inscrits en voie professionnelle, soit à peu près le quart de l’ensemble des lycéens du Limousin. Sur les 42 lycées présents sur notre territoire, 19 sont professionnels, c’est-à-dire près de la moitié.
Comme dans l’ensemble du pays, on y enseigne les métiers du bâtiment, comme au LMB de Felletin, de l’industrie, du sanitaire et social, de l’hôtellerie-restauration, en tout 14 familles de métiers
Certains établissements du Limousin se démarquent, c'est le cas par exemple du lycée Pierre Caraminot d’Egletons, Les élèves viennent de toute la France pour se former aux métiers des travaux publics.
Une filière qui s'adapte
La force de la filière professionnelle, c’est de s’adapter au marché du travail et l’offre de formations évolue en fonction de la demande : ainsi pour répondre aux besoins, à la rentrée 2021, le lycée René Cassin de Tulle a ouvert un BTS management de la sécurité,
En septembre prochain, un BTS des métiers de l’esthétique sera proposé au lycée Delphine Gay de Bourganeuf, dont une des spécialités est le bien-être.
En revanche, le bac pro tapisserie d’ameublement du lycée du Mas Jambost à Limoges a été fermé, faute de débouchés, explique le rectorat.
Du changement
Depuis 2019, la filière professionnelle s'est engagée dans le changement. Tout d'abord avec une réforme afin de valoriser ses enseignements. Le français ou les maths sont dorénavant enseignés en lien avec la formation professionnelle que suit l'élève, ça rend ces matières plus concrètes.
Les filières sont aussi valorisées avec la présentation par les lycéens d'un chef d'oeuvre en fin de cursus, un peu à la manière des compagnons.
Mais cela suffit-il à susciter des vocations ?
L’Education nationale s'emploie à convaincre du bien-fondé de la filière professionnelle à coups d’opérations découvertes comme la semaine des lycées professionnels jusqu'au 11 décembre, ou de slogans du style « une nouvelle voie vers l’excellence ».
Pour attirer les jeunes, les lycées professionnels proposent aussi des journées d’immersion aux collégiens de 3e. Reste encore à convaincre leurs parents chez qui les préjugés ont certainement encore la vie dure, souvenirs d'une période où la filière professionnelle était celle de la voie par défaut.