En Creuse, la difficile recherche de professeurs remplaçants en temps de Covid-19

Une dizaine de classes du primaire ont dû être fermées, la semaine dernière en Creuse, à cause de l'épidémie de coronavirus et du manque de professeurs remplaçants. Face à cette situation, le rectorat a agi mais la situation reste préoccupante selon les syndicats.

Une dizaine de classes sans professeur et des centaines d'élèves privés d'école. Voilà la situation de la semaine dernière dans le département de la Creuse. Des professeurs, cas contacts ou à risque, ne parviennent pas à être remplacés à temps.

La situation est inquiétante, selon des organisations syndicales. A tel point que certaines d'entre elles sont montées au créneau et ont alerté le rectorat de l'académie de Limoges : "La situation dure depuis le mois de septembre. A l'époque, nous avions déjà demandé le recrutement de professeurs remplaçants. Nous avions fait le bilan de la première vague et nous savions que cela allait être une nécessité", explique Pierre Gautret, secrétaire départemental Se-UNSA. 

Son syndicat dénonce un manque de personnel dans la brigade de remplacement. Ces temps-ci, le vivier est de 60 professeurs remplaçants pour tout le département de la Creuse. L'UNSA en demande une quinzaine supplémentaires.
 

Des enfants sans cours faute de remplacement

La semaine dernière, tous les remplaçants de la brigade étaient déjà envoyés sur le terrain. Pour pallier l'absence de professeurs placés en isolement ou atteints de la Covid-19. Dix classes n'ont pas pu trouver de remplacement à temps : "La situation est difficile dans ces cas-là. Depuis le confinement, les brassages sont interdits. On ne peut donc pas répartir les élèves d'une classe sans professeur dans d'autres classes", regrette Pierre Gautret.

En fin de semaine, il a averti le rectorat de l'académie de Limoges. Celui-ci a vite agi, notamment à la suite des dernières annonces du ministre de l'Education nationale. "Un pré-recrutement d'une petite équipe d'enseignants contractuels" serait en cours. "Les contacts commencent à être pris. Mais je ne peux pas dire combien de remplaçants devraient arriver car je ne connais pas moi-même le budget qui nous sera alloué", précise Laurent Fichet, directeur académique des services de l'Education nationale (DASEN) en Creuse.

Quand ces remplaçants arriveront-ils ? Ni Laurent Fichet, ni Pierre Gautret n'en ont la moindre idée : "L'autorisation a été donnée par le rectorat à la Direction des Services Départementaux de l'Éducation Nationale (DSDEN). Elle doit ensuite passer par le ministère de l'Education, puis par Bercy... On ne sait pas quand les remplaçants vont donc arriver. Mais nous espérons que cela sera le plus tôt possible", avance le syndicaliste. "C'est une affaire de jours ou de semaines", accorde le directeur académique de son côté.
 
Quoi qu'il arrive, ces quelques remplaçants supplémentaires ne sauront pas satisfaire pleinement les syndicats : "C'est un recrutement qui permet de combler les manques à court terme. Mais d'autres remplaçants sont nécessaires. Ils doivent remplacer les titulaires placés en isolement, ceux partis en formation ou servent encore aux décharges de la direction."

A Saint-Agnant, une garderie à la place des cours

Sur le terrain, la réalité est difficile. Sans professeur remplaçant, les mairies font face à des situations complexes. A Saint-Agnant-de-Versillat, la classe de moyenne et grande section de maternelle n'a cours que la moitié de la semaine. La professeure titulaire est à risque et n'est pas revenue auprès des enfants. Elle continue son apprentissage à distance et envoie quelques cours aux familles.

Les leçons étaient dispensées, le reste du temps, par une remplaçante. A la suite des besoins de l'académie, elle a été affectée dans un autre établissement les lundis et mardis. Conséquence : les enfants n'ont plus de cours en début de semaine. "Nous avons donc mis en place une garderie pour les 19 enfants concernés", explique-t-on du côté de la mairie avant de poursuivre :
 

Mais aucun cours n'y est dispensé. C'est malheureux, ces écoliers se retrouveront en CP l'année prochaine.


Pour l'heure, la mairie de Saint-Agnant-de-Versillat n'a aucune visibilité : elle ne sait pas quand un remplacant pourra venir sur place et enseigner à temps complet. "Ce n'est malheureusement pas quelque chose d'inédit sur le département. Tant que la brigade de remplacement n'est pas plus étoffée, ce genre de situation est amené à durer. Nous n'avons pas assez de personnel pour le moment. Le fait d'avoir deux adultes sur un même poste est trop contraignant", conclut Laurent Fichet.
 
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