A l'hôpital de Guéret, dans la Creuse, le conflit se durcit. 15 médecins, c'est-à-dire tous les représentants du corps médical, ont décidé de ne plus siéger dans les instances de décisions collégiales. Une manière forte de mettre la direction et l’administration face à ses choix de gestion.
Les visages sont marqués, la fatigue et l'exaspération sont palpables sur les visages des médecins du centre hospitalier de Guéret. Plus de confiance, plus d'écoute, les professionnels de santé ont la sensation que les décisions sont prises sans eux. Ajouter à cela de nombreux dysfonctionnements, des personnels épuisés et la menace de services qui ferment... Pour l'ensemble de la communauté médicale du centre hospitalier de Guéret, soit 15 médecins, c'en était trop. Après un an de conflit vécu avec le sentiment de ne pas être entendu, ils ont décidé mardi soir de démissionner de leur fonction administrative.
"Il y a des spécialités qui sont totalement sinistrés, qui sont très loin d'être dans la moyenne nationale. Par exemple, pour la prise en charge de l'insuffisance rénale chronique, nous essayons de monter des projets avec le CHU de Limoges mais les offres de soins restent très insuffisantes. Il y a même des gens qui meurent car ils ne sont pas dépistés et pris en charge", s'offusque Dhaoui Soltani, Chef du service réanimation.
"Le bon fonctionnement d'un hôpital exige une collaboration et une relation de confiance, j'insiste bien sur le mot 'confiance', entre le corps médical et la machine administrative", explique un autre représentant du corps médical.
Bloquer la machinerie administrative
La démission collective des praticiens vise donc à perturber le fonctionnement administratif de l'hôpital. C'est ce que Batiste Simonet, biologiste au laboratoire de l'hôpital, nous explique. "Toutes les décisions importantes de l'établissement, que ce soit le budget, les projets, etcetera, doivent être examiné en commission médicale d'établissement (CME). La commission doit être consultée avant que ces décisions soient prises afin d'émettre un avis consultatif. En ayant démissionné de la CME, de fait, nous bloquons la machinerie administrative et les décisions importantes pour l'établissement."Derrière ce choix fort, il y a, on l'aura compris, la volonté de se faire entendre pour, qu'après un an de revendication, le corps médical puisse améliorer ses conditions de travail et pouvoir assurer le bon fonctionnement du centre hospitalier, comme il le rappelle dans leur communiqué daté du 13 novembre 2019. "Nous voulons sauvegarder notre hôpital et défendre son statut d'établissement public de recours. Nous voulons maintenir une offre de soins publique complète de qualité pour la population creusoise".
Du côté du syndicat majoritaire, qui tire aussi depuis longtemps la sonnette d'alarme, on espère des actions communes. "Nous espérons pouvoir rencontrer régulièrement les membres de la CME pour essayer de travailler en commun. D'être force de proposition avec eux et de faire avancer cet établissement", expliuqe pour sa part Nathalie Teste déléguée CGT
Une réaction de l'ARS et du ministère est donc attendue pour relancer le dialogue. Contactée, la direction a indiqué qu'elle s'exprimerait ultérieurement.
Découvrez ou redécouvrez notre reportage télévisé, signé Nicolas Chigot et Jean-Marie Arnal :