En ce début juin 2021, la Préfète de la Creuse a décidé d'interdire le broyage de la paille sur son département. Après un printemps capricieux, l’objectif est de préserver les stocks utilisés par les éleveurs pour leur bête. Mais cette décision suffira-t-elle ?
Le printemps a été particulièrement difficile pour les céréaliers en Creuse. Les grosses périodes de sécheresse suivies d’épisodes de gel n’ont pas permis au blé de pousser aussi bien que prévu. Dans les plantations d’Éric Jerry, céréalier, le manque d’eau se voit à l’œil nu.
Logiquement, les blés m'arrivent à peu près ici, à peu près au nombril, là, c’est plus au niveau du genou.
Les quantités de paille fauchée après les récoltes de l’été seront donc moins importantes. Une situation qui inquiète les éleveurs creusois. Ils utilisent cette paille pour nourrir leurs bêtes et pour la litière, en hiver notamment. De la paille qu’ils achètent directement à leurs voisins céréaliers. Une faible récolte entraîne fatalement une hausse des prix.
D’autant que cette année le prix de certains engrais chimiques à fortement augmenté. Pour s’adapter, les céréaliers pourraient alors décider de broyer les tiges de blé au moment de la moisson pour nourrir leurs sols et réduire leur consommation d’engrais. Une solution qui réduirait encore plus la masse de paille disponible pour les animaux.
Un schéma critique qui pourrait pousser certains agriculteurs à importer leur paille de beaucoup plus loin. C’est le cas de Christian Arvis, à la tête d’un élevage de vaches limousines.
L’année dernière, on a été obligé d’aller chercher 2 000 tonnes de pailles en Espagne. On n’a pas envie de recommencer cette année. C’est cher et c’est très mauvais en emprunte carbone.
Pour éviter cela, les éleveurs ont pris les devants. Ils ont obtenu de la Préfète l’interdiction du broyage de la paille sur le département. Une décision unique en France, mais à l’effet limité. La pratique du broyage n’est pas très rependue sur le département de la Creuse, beaucoup plus tourné vers l’élevage.
Les grosses exploitations céréalières se trouvent dans les départements voisins de l’Indre, de la Vienne et du Cher notamment. C’est là-bas que s’alimente en paille beaucoup d’éleveurs creusois. Sans décisions similaires dans ces départements, le manque de paille risque de se faire ressentir cet hiver dans les étables.
En attendant cette éventuelle décision, les éleveurs creusois demandent l’autorisation de faire pâturer leurs bêtes dans les terres en jachère. Une solution d’appoint qui leur permettrait de préserver un minimum leurs réserves de paille. Pour le moment, aucune réponse n'a été apportée par la Préfecture à ce sujet.