Le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) mène une grand campagne de cartographie pour rechercher de l'eau, des filons de métaux, ou évaluer l'aléa sismique.
L'engin est loin d'être passé inaperçu ces derniers jours au dessus des communes d'Arrènes, Bujaleuf, Saint-Goussaud ou près du lac de Vassivière. L'hélicoptère du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières ) va survoler la région Limousin pendant tout l'été, muni d'une antenne hexagonale de 20 mètres de diamètre. En 2022, les vols totaliseront même 30 000 km sur tout l'ouest du Massif central, entre Limoges et Gannat au Nord, jusque vers Castres au Sud, en passant par Figeac.
Bien sûr, les élus des communes survolées ont dû expliquer à leurs administrés ce que faisait ce dispositif impressionnant au dessus de leur tête. Pour Jean-Michel Bidaud, maire de Bujaleuf, "l'antenne permet de localiser le niveau de roche dans le sous-sol et d'éventuelles nappes phréatiques. Si une fissure granitique est détectée, c'est qu'il y a potentiellement de l'eau pas très loin, et nous en aurons besoin dans les années à venir".
Cartographie fondamentale
Le BRGM indique cependant que l'objet de cette campagne héliportée est beaucoup plus vaste qu'une simple recherche d'eau. Il s'agit de trouver de nouvelles ressources minérales, comme des filons de métaux qui n'auraient jamais été détectés et pourraient être exploités. Il s'agit aussi d'examiner plus en profondeur les failles que l'on connait déjà pour évaluer les aléas sismiques. La terre bouge en effet très régulièrement dans le Massif central. Ces mouvements se font à plusieurs kilomètres de profondeur.
L'antenne de 20 mètres de diamètre est également capable de détecter des ressources géothermiques qui pourraient permettre de se chauffer différemment.
La caractérisation des ressources hydrologiques est évidemment importante dans une région granitique dans laquelle on ne connait quasiment aucune nappe phréatique. Les seules réserves d'eau se trouvent actuellement dans les fissures de la roche.
Recherches profondes
Pour Jean Pierre Floc'h, hydrogéologue et co-auteur du livre "Patrimoine géologique du Limousin", "les méthodes d'auscultation de la terre ont beaucoup évolué ces dernières années". Pour le spécialiste, "les dernières cartographies ont été réalisées au début des années 90 quand on a voulu rouvrir des mines d'or. Mais en dehors de ces zones minières, c'est le grand vide ! ".
Pour montrer la présence d'un filon d'or ou de tungstène, "on utilisait la géochimie en détectant la présence d'arsenic dans les sédiments des rivières".
Grâce à son antenne géante, l'hélicoptère du BRGM peut étudier le sous-sol bien plus précisément jusqu'à des profondeurs de 500 à 700 mètres. Trois méthodes différentes sont utilisées :
La gamma spectrométrie renseigne sur la radioactivité naturelle du sol, en apportant une information sur la nature et les propriétés des terrains superficiels.
L'électromagnétisme permet de renseigner sur le niveau d'altération du sous-sol, la présence d'argile et d'eaux souterraines, jusqu'à 700 mètres de profondeur.
La méthode magnétique permet d'imager les propriétés magnétiques de la roche jusqu'à plusieurs kilomètres de la surface, pour fournir des informations sur la nature et la structuration du sous-sol.