Témoignage. "Je sais reconnaître la marque rien qu’à l’odeur !" Jean-Luc Michaud, le brocanteur creusois qui a tilté pour les flippers

Publié le Écrit par Jean-Martial Jonquard et Marielle Camp
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Ils ont régné en maîtres des années 1960 aux années 2000 dans les coins des bars : les flippers. Plus rares aujourd’hui, ils sont la passion et la spécialité d’un brocanteur creusois, Jean-Luc Michaud, qui les restaure et les vend…Quand il ne joue pas avec.

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Il le dit lui-même : "L’univers de Jean-Luc, c’est brocante, antiquités, curiosités, mais surtout flippers !" 

Dans sa brocante située à Saint-Hilaire-la-Plaine, en Creuse, difficile de ne pas repérer d’emblée la passion de Jean-Luc Michaud, avec, au rez-de-chaussée, une gigantesque pièce exclusivement consacrée au billard électrique, comme on disait autrefois.

À noter pour l’anecdote que si le mot flipper vient de l’anglais (to flip, retourner ou rebondir), on ne dit pas flipper, mais pinball dans la langue de Shakespeare ou dans celle des cow-boys ! 

C’est pourtant bien en France, à Paris précisément, que Jean-Luc Michaud a été contaminé, il y a près de 38 ans. Alors qu’il y faisait des études, une licence de droit, il descendit un jour de sa chambre de bonne pour aller prendre un café au bar d’en bas.
Le patron avait besoin de bras pour charger un flipper… Il ne les a plus quittés les trois années suivantes, apprenant même à les réparer. Il en plaisante encore : "J’ai deux licences, une de droit, une de flipper."

Flippers mécaniques, électroniques, à carte parlante, à multibilles, vieux ou récents, pièce rare ou fabriquée en grande série (plus de 20 000 pour certains best-sellers), il les aime tous, et plus encore, soulever leur capot pour voir ce qui s’y cache. 

"Là-dessous, c’est fantastique ! Dans les mécaniques, il y a des contacts, ouverts ou fermés, avec des bobines à changer. Pour les électroniques, j’ai appris en autodidacte. Ils ont tous une particularité, ils ont tous une odeur. Je sais reconnaître la marque du flipper rien qu’à l’odeur !"

S’il en compte aujourd’hui plus d’une quinzaine, tous en état de marche, le filon n’est pas près de s’épuiser pour Jean-Luc, bien que les fabricants se fassent rares.

"On en trouve certes de moins en moins, mais j’ai la chance d’avoir un grand réseau. Il y en a dans des caves, dans des greniers. Il faut savoir qu’à la grande époque, il y avait plusieurs exploitants par département, qui pouvaient en posséder jusqu’à deux ou trois cents !"

Une spécialité comme celle de Jean-Luc Michaud est plutôt rare, alors forcément, la clientèle vient de loin. Parfois, avec un flipper particulier en tête, mais souvent pour repartir avec un autre. C’est le flipper qui vous choisit, selon lui. Mais plus satisfaisant encore pour le brocanteur, il voit sa clientèle rajeunir. 

"Au départ, je vendais à des gens de 50 à 70 ans. Mais ces derniers temps, ce sont surtout des jeunes de moins de trente ans, et qui jouent en famille. Et ça, vraiment, j’en suis ravi !"

Enfin, lorsqu’il les vend, parce que sur certains modèles, après les avoir retapés, Jean-Luc ne dédaigne pas les garder un peu, pour en profiter lui-même. Après tout, comme il dit,"le flipper, c’est ma vie."

On ne va pas lui reprocher de tilter !

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