Déconfinement : les coiffeurs s'organisent à quelques jours de la réouverture des salons

Après huit semaines de confinement, la réouverture des salons de coiffure est très attendue des Français. Peu de directives et la nécessité de tout aménager rapidement pour garantir la sécurité des clients. En Limousin, les coiffeurs s'organisent. Témoignages.

Parmi les réouvertures autorisées dès le 11 mai prochain, date annoncée du déconfinement : les salons de coiffure. Un rendez-vous qu'une majorité de Français ne compte pas manquer après huit semaines de rébellion capillaire. À quelques jours de reprendre les ciseaux, les coiffeurs du Limousin s'organisent : réaménagement des salons, commandes de matériel pour garantir la sécurité des clients et prises de rendez-vous à l'avance. Le tout, sans directive particulière.

Florence Roque est gérante du salon de coiffure Hair du Temps, à Brive. Voilà maintenant dix jours qu'elle contacte ses clientes par téléphone et sur les réseaux sociaux pour les prévenir de la prochaine réouverture du salon. Les réservations s'enchaînent

Nous sommes complets sur la première semaine, il n'y a presque plus de place pour la deuxième semaine

 Pour assurer cet emploi du temps surchargé, elle et son équipe travaille d'arrache-pied en amont pour accueillir les clients dans les "meilleures conditions possibles" dès lundi 11 mai, malgré l'absence de directives, "c'est le système D avant la reprise !"

Il y aura des plexiglas entre chaque cliente. Nous en avons également mis au niveau des bacs à shampoing. Et nous avons installé du gel hydroalcoolique.

Des exemples de mesures sanitaires qu'elle a prises parmi de nombreuses autres. Coût total : 3 000 euros. Florence Roque a opté pour des capes de coiffures jetables pour ses clients, elle leur demande également de venir munis d'un masque qu'elle ne peut actuellement pas fournir : "J'ai commandé 300 masques pour dépanner mes clientes qui n'en auraient pas, mais je ne les ai pas encore reçus, j'en ai suffisamment pour mes employés et moi". La gérante a également démarché la CCI de Brive qui a offert 20 masques au salon Hair du Temps.

Des dispositions matérielles auxquelles s'ajoute une réorganisation du salon : "Nous disposons les postes de façon à ce que les clients soient espacés d'un mètre. Pour ce faire, l'équipe a condamné quelques postes de travail. Le salon devrait pouvoir acceuillir jusqu'à trois clientes maximum les premières semaines."

 

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Autre paramètre primordial pour Florence Roque : le gain de temps associé à des mesures d'hygiène drastiques. "Nous allons prendre quinze minutes entre chaque client pour tout nettoyer et désinfecter. Nous leur demandons d'arriver à l'heure pour éviter l'attente et la transmission du virus." Certaines prestations sont temporairement supprimées, à l'instar des permanentes et des mèches.

Certains salons pourront certainement les maintenir, moi j'ai pris cette décision. Premièrement par rapport aux odeurs, nous avons un petit salon et nous avons l'interdiction de mettre la clim et puis ces prestations prennent beaucoup de temps. Nous privilégions ce temps précieux pour tout désinfincter entre les clients.

Bien que ravie de retrouver son activité, Florence Roque a quelques craintes : "J'ai peur que les gens réagissent comme si la réouverture des salons signifiait un retour à la normale, mais ce n'est pas le cas, il faudra prendre beaucoup de précautions."

Enfin, sur les deux derniers mois, Florence Roque a touché une aide de 1 500 euros pour le mois de mars. Elle a réitéré sa demande pour le mois d'avril. D'après elle, il faudra "au moins six mois" avant que tout rentre dans l'ordre économiquement.

 

À Limoges, même combat

Depuis une dizaine de jours, Antoine Brance, gérant du salon Quai N°7 à Limoges, enchaîne les prises de rendez-vous, "nous sommes complets sur les prochaines semaines. Une de mes collaboratrices est prise jusqu'à la mi-juin ! ".  Il faut dire que sur les derniers mois, ses prestations ont manqué aux fidèles clients, qui même pendant le confinement, demandaient des conseils personnalisés par messages ou en visio.

Il va falloir rattraper les quelques catastrophes capillaires, ça va être le moment marrant !

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Moins drôle : l'organisation accélérée pour réaménager le salon, les équipes et s'adapter aux règles sanitaires actuelles. Ici, les règles sont les mêmes : les clients doivent arriver avec leur masque. Les coiffeurs, quant à eux, seront équipés de visières. Antoine Brance souligne également plusieurs règles auxquelles tout le monde devra se plier sans excpetion : "nous changerons les serviettes et peignoirs après chaque utilisation. Aucun accompagnant de client (hors enfant) sera accepté et nous demandons aux clients de respecter les horaires fixés lors du rendez-vous."

Depuis le 1e mai dernier, Antoine Brance a transféré les appels du salon sur son téléphone : "avant, les rendez-vous pouvez être pris sur internet. Depuis le transfert d'appel, j'ai cinquante appels par jour. Je suis vraiment impatient de reprendre, au-delà des contraintes." Reprendre oui, mais à quel rythme ? Le salon, déjà ouvert sur une plage horaire "assez large" devrait fermer ses portes à partir de 20 heures (19 heures en temps normal) et le gérant envisage même d'ouvrir plus tôt le matin, voire de travailler le dimanche, "si c'est faisable".

Pour Antoine Brance, cette organisation est nécessaire, notamment en raison du nombre de clients contraint d'être divisé par deux les prochaines semaines et ce, pour respecter la distanciation sociale.

Nous pourrons recevoir cinq clients à la fois. D'habitude, c'est le double.

Dans la même optique, le salon prévoit la suppression d'un bac à shampoing sur les trois. Les clientes pourront toujours bénéficier des produits mis à la vente au sein du salon, en revanche, ils devront être désinfectés avec des lingettes et déposés dans les sacs par un employé du salon.

Cette organisation engendre également une modification du planning des employés : "Nous sommes six. Nous allons désormais travailler en 2x8 avec des moitiés d'équipe, que l'on puisse tourner, mais tout le monde ré-embauchera la semaine prochaine."

Comme Florence Roque à Brive, Antoine Brance regrette le manque de consignes face à cette réouverture aux adaptations nombreuses :  "C'est assez flou par rapport à ce que l'on a pu entendre de notre gouvernement. Il faut maintenant faire appel à notre bon sens...".

Jusqu'à présent aucun don de masque n'a été fait auprès du salon limougeaud et les achats liés aux mesures sanitaires ont coûté au salon près de 200 euros. "Il y aura un manque à gagner certain après l'ouverture. Nous aurons la moitié de nos clients habituels pendant un certain temps, le chiffre d'affaire va ralentir."



 

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