Une décision "attendue", il "a pris ses responsabilités"… Les élus LR d'Aquitaine réagissent à la démission de Laurent Wauquiez, tout en regrettant vivement l'orientation politique qu'il avait choisie pour son parti.
L'annonce était attendue, espérée même par certains. Ce dimanche 2 juin, Laurent Wauquiez a annoncé, en direct sur TF1 sa démission de la présidence du parti Les Républicains.
Une décision qui intervient une semaine après la déroute de son parti aux élections européennes. Portée par François-Xavier Bellamy, la liste LR, n'a obtenu que 8,48%. Un score historiquement bas, qui pour nombre d'élus aquitains, sanctionne une ligne politique très marquée à droite et particulièrement clivante.
J'ai décidé de prendre du recul. Je me retire de mes fonctions de président des Républicains. C'est indispensable. Pendant une semaine, j'ai tout fait pour rassembler les bonnes volontés. Je ne veux pas être un obstacle. La droite doit se reconstruire. #Le20h pic.twitter.com/LQgbkNz5DD
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) 2 juin 2019
Nicolas Florain le nouveau maire de Bordeaux a réagit aujourd'hui à cette annonce.
"Aujourd'hui le parti est sinistré" a-t-il déclaré.
Mais plutôt que de commenter cette annonce, il a préféré se focaliser sur sa priorité : "mon parti c'est Bordeaux, ce n'est pas une formule de style (...), donc toutes les questions de politique, d'appareil, j'ai pratiqué".
Ancienne première adjointe au maire de Bordeaux Alain Juppé, Virginie Calmels, était également vice-présidente du parti les Républicains jusqu'en juin 2018, aux côtés de Laurent Wauquiez. Elle a été limogée, sous fond de tension et de désaccords sur la ligne du parti.
Aujourd'hui installée à Paris et présidente du groupe immobilier Barnes France, Virginie Calmels reste élue au Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine. Au lendemain de la démission de Laurent Wauquiez, elle tient à saluer la décision de l'ex chef de parti.
"Il a pris ses responsabilités. Ce choix était inéluctable avec un score aussi faible. On est très loin des 20% de François Fillon à la présidentielle", souligne-t-elle.
La présidente du groupe LR- CPNT au Conseil régional assure avoir vu venir la déroute de son parti au scrutin européen. "Je ne suis pas surprise, c'est ce que j'ai dénoncé il y a un an jour pour jour", assure-t-elle.
Laurent Wauquiez n'a jamais fait le rassemblement auquel j'aspirais. Il n'a pas fait la synthèse au sein de LR et n'a conservé qu'une seule ligne, très conservatrice.
Après avoir rejoint Laurent Wauquiez, Virginie Calmels avait à plusieurs reprises publiquement fait part de ses désaccords sur la stratégie très droitière adoptée par Laurent Wauquiez, notamment au sujet d'un tract du LR intitulé "Pour que la France reste la France", qu'elle qualifiait d'anxiogène, tout en déplorant l'appel du pied aux électeurs du Rassemblement national.
"J'ai dit à Laurent Wauquiez que soit il rassemblait, soit je m'en allais. Il a répondu par un limogeage", rappelle-t-elle.
Je n'ai jamais compris pourquoi il choisissait cette stratégie mortifère
" Ce n’était pas ma ligne, je suis gaulliste social-humaniste"
Lui n'a jamais adopté la stratégie choisie par Laurent Wauquiez. Et pour Claude Olive, le patron des Républicains des Pyrénées-Atlantiques, cette démission est presque un soulagement. "Je salue cette démission, elle est sage", reconnaît-il, avant, lui aussi, de déplorer l'orientation choisie par son parti.
Cette ligne dure qui s’est mise à la tête des Républicains avec des élus comme Eric Ciotti, ce n’était pas ma ligne, je suis gaulliste social-humaniste.
Alors comment reprendre la main dans un département où les LR sont arrivés en 5e position aux élections européennes, avec un score de 8,06%, à l’image de la moyenne nationale ? En 2014, le parti était pourtant arrivé en tête. " Il faut retrouver l’union et être un parti populaire", assure Claude Olive.
Autrement dit, revenir à l’UMP avec ces trois mots clés que mis en avant pour définir le parti d’avenir à son sens : " social, libéral et européen " . Et surtout : " ne pas avoir une position tranchée, recroquevillée, bête et méchante, ce n’est pas mon état d’esprit."
Claude Olive reprend l’idée émise par le président LR du Sénat Gérard Larcher, au lendemain du scrutin catastrophe : " Il faut repartir du territoire. Moi, je suis maire d’Anglet avec la droite et le centre. Et d’ailleurs dans mon équipe municipale 50 % des élus sont issus de l’UDI, du Modem, et de LR et les 50 % pas encartés dans un parti."
Qui pour diriger le parti ?
Mais ce qui est faisable au plan local ou départemental, peut-il l’être au plan national , sachant qu’une partie des têtes de pont centristes et d’élus LR, proches du Premier Ministre Edouard Philippe, et proche d’Alain Juppé, ont choisi de soutenir le parti présidentiel ?
Encore récemment, Jérôme Peyrat, maire de la Roque- Gageac et ex-président de l’UMP en Dordogne dans les années 2000 a fait son choix. Il a rejoint l’Elysée et Emmanuel Macron comme conseiller politique en charge des élus et des associations d’élus.
Le président LR des Pyrénées-Atlantiques refuse néanmoins de se prononcer sur un nom qui pourrait incarner un renouveau, un leadership dans son parti. " Le sujet, c’est la ligne politique, après on verra pour l’incarnation."
Dans son département, c'est LREM qui est arrivé en tête le 26 mai, avec 25% des suffrages exprimés. "Un vote utile", selon Claude Olive, qui sait qu'il va devoir s'atteler à de nombreux chantiers afin de convaincre les électeurs de son département.
Antoine Audi derrière Gérard Larcher
Pour Antoine Audi, maire LR de Périgueux, c'est surtout la victoire de l'extrême-droite qui est jugée inquiétante. "En Marche arrive derrière le RN, notamment à Périgueux où ils perdent 1 000 voix par rapport aux législatives", rappelle-t-il.
Je n’arrive pas à savoir qui a gagné, à part le Front National, ce qui n’est pas la meilleure chose qui puisse arriver. C’est quand même un séisme, ces élections européennes !
L'élu périgourdin le reconnaît sans détours, la droite de Laurent Wauquiez n'était pas assez rassembleuse. " On avait perdu le fil. Le parti s’était rétréci. J’ai débuté avec Yves Guéna et Philippe Seguin, le « gaullisme social » et ces idées-là n’étaient plus incarnées par L. Wauquiez".
La personnalisation est un piège pour tous les partis politiques
Antoine Audi veut croire qu'une reconstruction de son parti est possible. "Il faut d’abord définir une ligne et ensuite décider qui l’incarne le mieux. Clairement, c’est ce qui a manqué. La personnalisation est un piège pour tous les partis politiques".
Dès l'annonce de la débâcle de LR aux européennes, le maire de Périgueux a pris position, en faveur du président du Sénat. "L’initiative de Gérard Larcher, qui je pense n’a pas d’ambition à ce niveau-là, est intéressante parce que justement, il cherche à définir quel est notre champ politique… et ça c’est bienvenu", reconnaît le maire de Périgueux, qui n'exclut pas de monter une liste alliant LR et LaREM pour les municipales de Périgueux.
Il y a des discussions qui ont eu lieu et quand on prépare une liste aux municipales, on la prend large. C’est ce qu’on a fait en 2014. J’ai dans mon équipe deux sortants, y compris des adjoints qui sont En Marche. Je n’ai pas d’incompatibilité par rapport à ça.