Les téléphones usagés : une vraie mine d'or et un gisement d'emplois

Reportage réalisé en 2014 par France 3 Poitou-Charentes

100 millions de téléphones portables usagés dorment dans les tiroirs des Français. Un rapport sénatorial appelle à développer la collecte pour les recycler ou les réemployer. Les Ateliers du Bocage dans les Deux-Sèvres se sont lancés dans ce recyclage en 2006.

Trop souvent abandonnés au fond de nos tiroirs, les téléphones portables usagés sont une véritable mine d'or et un gisement d'emplois qui ne sont quasiment pas exploités, déplore le rapport sénatorial signé de Marie-Christine Blandin (Ecologiste) et de Jean-François Longeot (UDI-UC).
Les Français renouvellent leur téléphone portable tous les 24 à 36 mois. La plupart des vieux appareils finissent oubliés dans les tiroirs: "seulement 15%" des téléphones portables mis sur le marché sont engagés dans des flux de réparation ou de recyclage", a précisé Mme Blandin.

Trois millions de téléphones recyclés aux Ateliers du Bocage


Au Pin dans le nord des Deux-Sèvres, la SCIC des Ateliers du Bocage, une émanation d'Emmaüs aujourd'hui entreprise d'insertion, a développé une partie de son activité autour du recyclage des portables. 140 salariés y ont traité depuis 2006 environ trois millions de téléphones usagés. Les portables y sont reformatés, réparés si nécessaire puis vendus dans les quatre boutiques de la société ou par lot. Certains partent à l'étranger, notamment ceux provenant d'Orange, en Espagne et en Afrique notamment.
Les téléphones qui ne sont pas revendus sont envoyés vers deux usines de recyclage, l'une en Belgique et l'autre au Havre.

Le recyclage des cartes électroniques : une mine d'or


Cependant, il arrive que les consommateurs ne savent pas où se débarrasser de leurs vieux appareils et les opérateurs sont loin de toujours respecter leurs obligations de reprise des téléphones usagés, déplore le rapport du Sénat.
Les téléphones usagés prennent aussi souvent le chemin de l'étranger, après avoir été rachetés par des "brokers" (courtiers).

"Des milliers d'emplois" et "quarante minéraux et métaux précieux" sont alors "perdus pour la France" déplore Mme Blandin.


Les portables sont en effet "une véritable mine urbaine": une tonne de cartes électroniques "peut comprendre jusqu'à 1 kg d'or, 5 kg d'argent, 9 kg de tantale et 250 kg de cuivre".
L'or, en particulier, "témoigne de l'intérêt économique du recyclage". Une tonne de cartes électroniques peut contenir en moyenne 200 grammes d'or, tandis que la concentration d'une très bonne mine est évaluée à cinq grammes par tonne de minerai.

Recycler 30% des téléphones en 2020


Malheureusement, "la conception des téléphones est délibérément défavorable" au recyclage et au réemploi, déplorent les sénateurs, citant à titre d'exemple "la quasi-impossibilité de remplacer les batteries intégrées" aux téléphones, les vis non standard, le collage ou le soudage de certains éléments.
Le rapport appelle à renforcer la réglementation européenne pour lutter contre "ces pratiques bloquantes".
La Fédération Française des Télécoms, qui regroupe les opérateurs, a assuré soutenir "pleinement" les propositions contenues dans le rapport. 
"La collecte des téléphones portables par les opérateurs progresse d'année en année", affirme-t-elle.
"En 2015, plus d'1,5 million de téléphones usagés ont été collectés par les opérateurs membres de la Fédération" contre "moins de 500.000" en 2009, indique-t-elle, précisant s'être fixé comme objectif "30% en 2020".



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