Handball. Frédéric Vignier, président de Celles-sur-Belle : "La Fédération ne nous respecte pas"

Les joueuses de Celles-sur-Belle dénoncent dans un communiqué, le manque d’équité sportive dans la décision de la Fédération française de handball qui ne leur permet pas de monter en première division. Interview du président du club, Frédéric Vignier qui ne comprend pas non plus cette décision.
 

"Le dernier club du championnat de Ligue Butagaz Energie (dont le classement sera validé ultérieurement en fonction de la reprise ou non du championnat) sera maintenu et les deux premiers clubs VAP de Division 2 féminine accéderont à l’étage supérieur. " Le 10 avril, la décision de la Fédération française de handball tombe. Il n’y aura pas de descente en première division féminine qui se jouera donc à 14 en 2021. En revanche, les deux premières équipes VAP (semi-professionnelles) accèdent à l’étage supérieur. Les joueuses de Celles/Belle, troisièmes à égalité de points avec Saint-Amand, sont les grandes perdantes de cette décision. Dans un communiqué, elles dénoncent le "manque d'équité sportive".

Frédéric Vignier, président du club, ne décolère pas

France 3 Poitou-Charentes : Pourquoi contester la décision de la fédération ?
Frédéric Vignier : "On nous sort d’un règlement de derrière les fagots pour avantager des gens qui sont bien placés à la fédé. Le club de Saint-Amand bénéficie de cette décision totalement arbitraire qui ne respecte pas du tout l’équité sportive. Si toutes les équipes s’étaient jouées au moins une fois, il y aurait au moins eu une certaine forme d’équité sportive. Mais là, il n’y en a pas ! Nous sommes séparés en deux poules et nous n’avons jamais joué Saint-Amand cette année !
Et à côté, que Mérignac soit maintenu avec 19 défaites en première division, c’est incroyable. Il y a quatre ans quand on était à ce niveau-là, nous étions repêchés pour faire la 11e équipe car deux clubs avaient fait faillite. On m’avait assuré qu’il n’y aurait pas de descente car nous avions fait un effort et qu’ils voulaient stabiliser le niveau. Mais à 15 jours de la reprise du championnat on me dit "vous comprenez un championnat sans descente ce n’est pas vraiment du sport". Cet argument-là a été avancé par les mêmes personnes qui prennent des décisions différentes aujourd’hui. Comment voulez-vous que je les comprenne ?"

France 3 : Qu’est-ce qui pose problème selon vous ?
Frédéric Vignier : "Aujourd’hui je ressens plus de la colère que de la frustration. Cela fait quatre ans que nous subissons des décisions en notre défaveur. Cela commence à faire beaucoup. J’ai la sensation que l’on ne veut pas de « paysans ou de ploucs », je ne sais pas comment on nous appelle, dans un championnat où il n’y a que des grandes villes qui sont représentées. Niort est une ville d’importance moyenne, autour c’est la campagne. J’ai l’impression que l’on paye plus pour ça plutôt que pour notre qualité sportive et pour notre structuration."

France 3 : Vous avez hésité jusqu’au dernier moment (mardi 14 avril à minuit) à poser un recours devant le comité national olympique pour annuler la décision de la Fédération. Pourquoi ne pas l’avoir fait ?
Frédéric Vignier : "Le contexte et la durée de la procédure allait certainement peser sur la vie du club.
Je m’étais déjà battu l’été dernier pour obtenir le statut VAP (semi-professionnel) que l’on nous avait refusé. Je suis fatigué de tout ça. Je n’ai pas l’énergie de me battre contre des moulins à vent. J’en ai marre de passer pour le Don Quichotte de service.
Je me bats pour que l’on ait du sport de haut-niveau en milieu rural parce que l’on mérite d’exister et que l’on ne doit pas être les territoires pauvres. Avoir un match de hand le samedi soir de Celles/Belle, je m’excuse, mais dans les environs, il n’y a pas 40 cinémas, il n’y a pas d’opéras et pas d’autres compétition de haut-niveau. Les gens sont bien contents de venir nous voir. C’est un truc familial. Or, nous ne nous faisons pas se respecter sur nos engagements. Ce qui me déçoit, c’est que l’on a toujours vanté le hand comme l’un des seuls sports qui ait gardé ses valeurs. Mais non, malheureusement, ce n’est pas vrai."

France 3 : En voulez-vous aux instances ?
Frédéric Vignier : "Ce que je reproche surtout à la Fédération, c’est que nous n’avons jamais été consulté. Nous sommes des pions. On nous demande de cotiser, de passer devant des commissions CNSG, d’être professionnel, mais on nous traite comme de la merde. On ne nous respecte pas. Nous aurions été 12 présidents autour de la table avec une décision similaire à celle que je conteste aujourd’hui, j’aurais fermé ma gueule puisque cela aurait été une décision collégiale."
France 3 : Même si le sportif passe en second plan, cette décision fait très mal ?
Frédéric Vignier : "Oui évidemment que c’est secondaire ce qui nous arrive. Le principal problème est de sortir de la crise sanitaire. Mais demain la lumière va se rallumer. Si je ne réagissais pas aujourd’hui, ce serait trop tard ensuite. Les gens ont raison de dire qu’ils s’en foutent si Celles joue en D2 ou non. Mais moi, j’ai bossé pendant 40 ans pour ce club-là. J’ai des bénévoles et des dirigeants qui travaillent tous les jours et ils sont déçus d’être traités de la sorte à cause de ces décisions. On démotive les vraies forces vives d’un club. C’est catastrophique. Mais que l’on ne nous dise pas que nous n’avons pas les reins solides. Nous avons traversé des épreuves beaucoup plus dures."

France 3 : Est-ce que cette crise peut menacer le club ?
Frédéric Vignier : "Bien sûr, vous accumulez une déception sportive, l’environnement sanitaire et l’environnement économique. Je voudrais bien savoir quel club sportif peut se targuer aujourd’hui de dire "j’aurai tel budget l’année pro". En réalité, personne. Celui qui vous dit ça est un menteur. Il y a trop d’inconnues. Par exemple, deux tiers de notre budget vient du secteur privé. Or, si les entreprises sont en difficulté, la première chose qu’elles sabrent c’est la communication et le sponsorship.
Tout cela est dangereux car les gens vont se démotiver, moi le premier. Si la fédération veut une ligue fermée seulement constituée de grandes villes, qu’elle nous le dise ! Au moins, je saurai à quoi m’en tenir. J’arrêterai de rêver et de faire rêver les gens avec moi."
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