Plusieurs militants écologistes ou syndicaux devaient être entendus par la gendarmerie dans le cadre de l'enquête sur les violences commises à Sainte-Soline. Mais pour les porte-paroles de la Confédération Paysanne et de Bassines, non merci !, l'audition s'est transformée en garde à vue. Ils ont finalement été relâchés en soirée.
Des militants syndicaux et des membres du collectif Bassine, non merci ! étaient convoqués pour des auditions dans plusieurs villes de France, dont Niort et Saint-Maixent, dans le cadre de l'enquête sur les événements de mars dernier à Sainte-Soline. Mais l'audition s'est transformée en garde à vue à Niort pour Julien le Guet porte-parole de Bassines, non merci ! et pour Benoît Jaunet, le porte-parole de la Confédération Paysanne des Deux-Sèvres. Avant de pénétrer dans les locaux de la gendarmerie, il confiait ses sentiments un peu partagés à notre équipe " Je ne me bats pas pour mes collègues pour être convoqué par la gendarmerie mais plutôt pour être un représentant des lanceurs d'alerte qui demandent autre chose pour notre avenir de paysans et pour l'avenir de la société."
Julien Le Guet, dont l'arrivée a été saluée par des applaudissements s'est montré inquiet sur l'attitude du gouvernement. "L'État a franchi un nouveau Rubicon en interpellant des responsables syndicaux, c'est un nouveau cap franchi dans le non-respect des libertés fondamentales de s'exprimer, d'agir ensemble pour le bien commun." Pour le porte-parole de Bassines, non merci !, le gouvernement subit la pression de la FNSEA, le syndicat agricole, après la dissolution des Soulèvements de la Terre, que le syndicat réclamait depuis longtemps, au tour des autres syndicats estime-t-il.
Est-ce que l'État va encore répondre aux vœux de la FNSEA qui voudrait faire disparaître la Confédération Paysanne ? D’autant plus que la FNSEA, c'est le syndicat le plus violent de l'histoire de France, qui chaque année va dégrader des biens publics, agresser et intimider des militants écologistes.
Julien Le Guet, porte-parole de Bassines, non, merci !
Julien Le Guet a été victime d'une méningite il y a une dizaine de jours, l'affection a entraîné une paralysie faciale et affecté sa forme physique, il a donc demandé que sa garde à vue soit écourtée. Après un rapide transfert aux urgences pour être examiné par un médecin, Julien Le Guet est revenu à la gendarmerie, les médecins ayant jugé son état compatible avec une garde à vue. On a appris en fin de matinée qu'il avait décidé d'entamer une grève de la faim.
Par ailleurs, les deux autres militants entendus à Saint-Maixent sont ressortis libres à l'issue de leur audition.
Ces décisions de placement en garde à vue ont été condamnées par les militants et sympathisants rassemblés à l'extérieur, sous la surveillance des forces de police."on est extrêmement inquiet de la dérive autoritaire de ce gouvernement" s'inquiète Thomas Gibert, le secrétaire national de la Confédération Paysanne.
On n'est pas des terroristes, on est des paysans et des paysannes qui travaillent la terre et nos revendications sont légitimes. On veut l'ouverture d'un dialogue sur la préservation et le partage de l'eau. On veut un véritable plan eau
Thomas Gibert, secrétaire national de la Confédération Paysanne
Fin de la garde à vue
Les deux gardés à vue sont ressortis dans la soirée avec une convocation pour un jugement le 8 septembre devant le tribunal correctionnel de Niort. Ils sont poursuivis pour organisation d'une manifestation interdite sur la voie publique pour les faits du 25 mars 2023. Ils encourent 6 mois de prison mais également l'interdiction de manifester sur la voie publique, l'interdiction de détenir ou porter une arme, l'interdiction de séjour ou encore la privation des droits civiques, civils et de famille.
À sa sortie de garde à vue, Benoît Jaunet le porte-parole de la Confédération Paysanne a remercié les manifestants. Il faut dire que les militants présents ont donné de la voix sous les fenêtres de la gendarmerie:
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Benoît Jaunet s'est déclaré fatigué, mais soulagé : "c'est assez disproportionné dans la tournure que ça prend" estimait-il. Il souhaite que le procès du mois de septembre soit l'occasion d'aborder la question de fond " Aujourg'hui, la coopérative de l'eau refuse toujours de nous rencontrer, la préfecture refuse de nous rencontrer.(...) Alors ils nous convoquent au tribunal".
Quant à Julien Le Guet, lui aussi fatigué, il souhaite aussi que le procès de septembre soit l'occasion de parler du fond, de la ressource en eau et de son partage." Ce sera une nouvelle bataille, une bataille d'argumentaire, une bataille d'idée. Et si ça aboutit à un emprisonnement, je serai un prisonnier politique".
Un autre syndicaliste les a rejoints, Hervé Auguin co-délégué départemental de Sud-Solidaire Solidaire qui était convoqué à Saint-Maixent. Lui a simplement été entendu par les gendarmes, mais pas gardé à vue. "Je trouve ça injuste parce que la lutte qu'on porte, elle est juste scientifiquement, elle est juste moralement."