Daniel Rosenweg, ancien grand reporter au journal Le Parisien a enquêté sur les mutuelles de santé. Il dresse un constat accablant sur le fonctionnement et les dérives des complémentaires, dont certaines sont installées à Niort. Pour lui, les mutuelles nous coûtent trop cher.
"La pandémie a fait économiser 2,8 milliards d’euros aux mutuelles de santé en 2020, mais elles ont encore augmenté les cotisations de 2,5% en 2021", écrit Daniel Rosenweg, journaliste spécialiste des questions de santé dans "Le livre (très) noir des mutuelles" (Albin Michel) sous-titré "et pourquoi s’en passer".
Après ce constat, l’écrivain s’est plongé dans le monde très concurrentiel des mutuelles de santé. "D’habitude, la concurrence fait baisser les prix. Ici c’est faux car ça engendre de nouveaux frais", explique le journaliste dans une interview à France 3 Poitou-Charentes.
Il avance le chiffre de 3 milliards d’euros dépensés pour les frais d’acquisition. "C’est la publicité, un peu de marketing, les commissions versées aux intermédiaires pour aller chercher des clients chez les concurrents, puisque le marché est saturé".
Dans son livre à charge il écrit notamment : "Est-il légitime de financer deux courses automobiles et un centre d’art contemporain, comme le fait la Matmut ? De soutenir une équipe cycliste professionnelle, comme Groupama ou AG2R La Mondiale ? Ou une course à la voile, comme la Macif ? De jouer les mécènes du festival Solidays, comme Malakoff Humanis… "
Des inégalités selon la ville, l’âge et le statut professionnel
L’autre point qui irrite le journaliste, c’est l’inégalité de traitement entre les bénéficiaires. "Quelqu’un qui habite en région parisienne va payer plus que quelqu’un qui vit à Rennes par exemple", émet Daniel Rosenweg. Les plus vieux payent plus cher que les jeunes et les salariés sont avantagés par rapport aux autres, regrette l’écrivain. "Les contrats collectifs (ceux des salariés) perdent de l'argent tellement il y a de concurrence, les complémentaires vendent à perte : 740 millions de perte en 2019, explique-t-il. Donc elles se reconstituent sur les contrats individuels (retraités, étudiants, les travailleurs indépendants, les chômeurs...) qui représentent 1,2 milliards d'excédents".
Selon le site Lesfurets.com, en moyenne les français dépensent 880 € dans leur complémentaire santé pour recevoir, 417 € de remboursement de la part des mutuelles selon le Panorama des dépenses de santé du Ministère de la santé paru en 2020.
Sa solution : le modèle d'Alsace-Moselle
La solution pour Daniel Rosenweg : le modèle local de complémentaire santé de l’Alsace-Moselle. "Concrètement, cette "transparence" se traduit par une carte d’assurance unique, la carte Vitale, et par un interlocuteur unique : les CPAM, Caisses primaires d’assurance maladie, dont chacun dépend, et qui se chargent d’ouvrir les droits, de gérer les remboursements et prises en charge", écrit-il. Il compare notamment les frais de gestion des deux modèles : 20% chez les complémentaires santés et environ 1% pour celle d’Alsace-Moselle.
Vers une réforme des complémentaires ?
Ce livre sort alors que le gouvernement de Jean Castex durcit le ton et appelle les mutuelles à ne pas augmenter leurs tarifs en 2022. De leur côté les complémentaires envisagent une augmentation en raison de l’inflation et notamment l’augmentation des frais médicaux. Des dépenses supplémentaires qui s’élèvent à 280 millions d’euros, selon La Mutualité Française.
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— Mutualité Française (@mutualite_fr) October 21, 2021
Le Haut Conseil sur l’avenir de l’assurance maladie doit prochainement donner son avis sur une réforme du système des mutuelles : une grande sécu, un bouclier sanitaire ou encore des complémentaires santés obligatoires …
L’avenir des mutuelles sera sans doute au cœur des débats de l’élection présidentielle qui se tient dans 7 mois.