En mai dernier, le mur qui soutenait la terrasse d'un couple de retraités s'est effondrée à Thouars dans les Deux-Sèvres. La mairie risque de demander la démolition de la maison. Pour le moment, aucune entreprise ne veut prendre le risque de faire les travaux.
C’est une jolie maison un peu en hauteur qui surplombe la vallée du Thouet dans les Deux-Sèvres. Une maison de pays qui date de 1855. Mais qui est aujourd’hui inhabitable. En mai dernier, la terrasse s’est effondrée, emmenée par le mur de soutènement en contrebas qui a lâché, saboté par les précipitations abondantes du printemps 2024. La route communale qui passe devant a dû être coupée, la mairie de Thouars a pris un arrêté de péril imminent.
Avec ce mur, c’est une partie du rêve d’Albert et de Christiane Leblanc qui est partie en morceaux. Ils avaient acheté cette maison en 2021 pour couler une retraite heureuse. « Depuis le 24 juillet, nous sommes sans habitation, nous sommes nomades », se désole Christiane Leblanc. « Nous vivons à droite et à gauche. Nous aimerions retrouver notre vie de tous les jours. »
Le couple est désormais embarqué dans un imbroglio juridique dont il ne voit pas la fin. Le mur, privé, est en fait juridiquement de la responsabilité de la commune. Elle est prête à prendre à sa charge les réparations, mais ce n’est pas si simple. « S’il suffisait de le réparer et qu’il y en avait pour 10 à 30 000 euros, nous partirions dans cette voie », explique Bernard Paineau, le maire de Thouars. « Mais toutes les expertises disent que si on touche au reste du mur, tout peut venir, et la maison aussi, car elle est posée sur le roc sans véritables fondations. »
En novembre dernier, le couple a fait faire de son côté des devis pour renforcer les fondations de la demeure. Mais les entrepreneurs contactés ont refusé tant que le mur n’était pas réparé ! C’est le serpent qui se mord la queue.
Démolir la maison ?
Depuis, la mairie a fait une injonction au couple pour qu’il fournisse des devis d’ici quinze jours sinon elle va saisir le tribunal en vue de demander la démolition de la maison.
« C’est quelque chose qui nous est difficile à entendre parce que nous pensons qu’il existe des solutions techniques et ce n’est pas notre maison qui a fait tomber le mur. »
Le mur, ravalé par l’ancien propriétaire de la maison sans déclaration auprès de la mairie, a révélé des faiblesses. « Il n’a pas du tout été construit dans les règles de l’art », constate Albert Leblanc. « C’est un simple amoncellement de parpaing et de matériaux divers qui n’est pas retenu par une structure armée. C’est normal qu’il se soit effondré. »
Ni fondation, ni circuit d'évacuation des eaux pluviales
De son côté, la mairie préfère laisser un tribunal décider des responsabilités dans un cas si difficile. « Nous ne sommes fermés à rien, mais je ne veux pas faire un chèque en blanc », explique Bernard Paineau. « La commune n’est pas responsable d’une maison qui n’a pas de fondation, ni de gouttières qui évacuent les eaux pluviales et dont le dessous de la terrasse est fait de bric et de broc. »
Le couple, lui, affiche une fatigue certaine. « Qui payera la démolition ? Qui payera notre maison ? Qui nous indemnisera ? Nous sommes très inquiets », confie Christiane Leblanc.
Les deux retraités cherchent encore activement des entreprises pour effectuer les réparations. Des travaux estimés à plusieurs centaines de milliers d’euros, bien plus chers que la valeur de la maison. Ils pourraient envisager de se retourner contre l’ancien propriétaire qui avait effectué le ravalement du mur, sans demander d’autorisation.
Reportage de Louis Claveau et Mathieu Maillet