En Charente-Maritime près de 39% des entreprises ont eu recours au télétravail lors du premier confinement. Dans les Deux-Sèvres, le groupe MAIF a signé un avenant, tous les salariés y ont accès, 85% des personnels travaillent actuellement à distance.
Avec la crise sanitaire, le télétravail a fait une entrée en force dans les entreprises. Selon une étude de l'INSEE, cette formule a concerné 40 % des sociétés restées ouvertes lors du premier confinement.
Il s’est imposé dans les grandes entreprises et dans les sociétés de services qui nécessitent moins un travail en présentiel :
- information et communication (64 %),
- activités de conseil (53 %),
- enseignement (35 %).
En revanche, il est demeuré marginal dans la plupart des activités industrielles ou de services à la personne.
39% des entreprises en Charente-Maritime
Selon une enquête des Chambres de commerce et d'industrie de la Rochelle et de Rochefort, 39% des entreprises sondées en Charente-Maritime ont eu recours au télétravail lors du premier confinement. Cette enquête réalisée les 23 et 24 mars a été menée auprès de 2921 chefs d'entreprises. Selon les auteurs, il s'agit d'un échantillon significatif pour être fiable.
Télétravail en Poitou-Charentes
Niort, capitale des assureurs mutualistes recense plus de 12 000 emplois directs dans ce secteur tertiaire. Le télétravail a pu être déployé plus facilement dans ces entreprises du services lorsque l'Etat a incité les employeurs à avoir recours au travail à distance.
"On est plus productifs"
Dans les Deux-Sèvres, le groupe MAIF, dont le siège est à Niort, est un exemple d'entreprise qui a mis en oeuvre très massivement cette formule de travail à distance.
Anaïs Faucher est conseillère en déclaration de sinistres à la MAIF et depuis le second confinement, la jeune femme travaille à son domicile situé à La Chapelle-Thireuil dans les Deux-Sèvres. Anaïs répond aux appels des sociétaires.
"Je vois que je traite davantage d'appels par jour parce que j'arrive à me concentrer plus longtemps sur mon travail et je suis moins tentée par les discussions de couloirs avec les collègues, ce sont des moments très agréables mais quand on ne les a pas, on se rend compte que l'on est plus productifs,
Finies les pauses autour de la machines à café avec les collègues, Anaïs boit un thé, seule dans son salon.
Comme elle, 85 % des salariés de la MAIF sont aujourd'hui en télétravail.
Au siège social de la mutuelle niortaise, les immenses locaux sont désertés. Seuls quelques salariés sont encore sur place, c'est le cas de la directrice des ressources humaines
"On peut être jusqu'à 2 500 personnes présentes dans les locaux, aujourd'hui il n'y a quasiment personne, ça fait bizarre de se retrouver dans un environnement vide, sans salariés", constate Evelyne Llauro-Barrès, DRH du groupe MAIF.
4 500 personnes équipées
La direction du groupe a fait le choix du télétravail dès les premiers jours de la pandémie.
"Le télétravail s'est imposé à nous comme une évidence, dès le premier confinement, on s'est mis en ordre de marche pour pouvoir livrer des PC à l'ensemble de nos salariés. A l'issue de la première période de confinement, on avait déjà équipé plus de 4 500 personnes".
Les managers gèrent leurs équipes en visioconférences. Selon la chef d'équipe d'Anaïs, ce fonctionnement n'impacte pas les résultats des salariés.
"Les chiffres restent très bons parce que les circonstances font qu'il y a moins d'accidents automobiles, un peu moins en habitations, pour nous aujourd'hui, le travail en terme de quantité est très confortable, ça nous permet justement de travailler sur d'autres points un peu plus techniques", relate Manon Rongier, responsable d'unité sinistres à la MAIF
Face à cette révolution de fonctionnement, la mutuelle assure aussi un suivi de l'état de santé de ses salariés.
Les infirmières de la MAIF viennent, par exemple, de prescrire un nouveau fauteuil à une télétravailleuse en souffrance.
"Souvent au moment de l'entretien , les salariés nous font part aussi de la difficulté ressentie par rapport à l'éloignement des collègues, de l'anxiété pendant le confinement", détaille Sophie Kalus, infirmière de la santé au travail.
Frontière floue vie privée, vie professionnelle
De leur côté, les syndicats signalent des difficultés engendrées par le télétravail, ils pointent notamment du doigt la frontière floue entre vie privée et vie professionnelle.
A la MAIF, les syndicats ont signé un avenant concernant le télétravail. Dans cette mutuelle désormais, tous les salariés y ont accès en raison des risques sanitaires.
Les gens commencent à se demander s'ils travaillent à la maison ou s'ils dorment au bureau. C'est une image qui globalise la situation que l'on vit aujourd'hui. Certains collègues ont du mal à couper par rapport à leur vie privée, du mal à déconnecter la vie privée de la vie professionnelle, donc attention, il pourrait y avoir un danger si on n'arrive pas à trouver le bon curseur,
Des leçons devraient être tirées de ce test grandeur nature du télétravail dans l'entreprise.
Reportage de Dominique Laveau, Alain Darrigrand et Alexia Rouy