C'est un problème récurrent dans les centres-villes, l'accès des personnes à mobilité réduite. Si à Niort l'agglomération a amélioré le transport en bus, il reste beaucoup à faire. Nous avons suivi une personne en fauteuil roulant dans les rues de la capitale deux-sévrienne.
Comme à chaque fois qu’il se rend dans le centre-ville de Niort, Damien Tanché entame un parcours du combattant. Pas de problème pour le bus, adapté aux personnes à mobilité réduite, les ennuis démarrent à la sortie.
Avec la poubelle, je ne suis pas sûr que ça passe...
Damien Tanché
Sur des trottoirs étroits, il manoeuvre son fauteuil doucement et parvient à passer à quelques millimètres près. Cinq mètres plus loin, nouvelle poubelle gênante, à proximité d'un panneau annonçant une place réservée aux personnes à mobilité réduite : "avec forcément une voiture qui n’a pas le logo, ça, c'est typique !", peste-t-il.
Des incivilités à la pelle
Quand il parvient enfin à se frayer un chemin, une nouvelle épreuve attend le paraplégique de 46 ans : le passage piéton. Assis dans son fauteuil roulant, caché par des voitures en stationnement, il ne peut voir, ni être vu. "Alors, je vais me signaler, je vais avancer un peu pour montrer que je vais passer…"
Obligé de se mettre en danger, il n'obtient pas la priorité pour autant. Un camion passe devant lui sans ralentir.
Une fois de l'autre côté, le retour à la sécurité du trottoir n'est pas plus simple. Même biseauté, un rebord trop marqué est complexe à franchir. "Là, je ne peux pas monter, je vais essayer par l’autre côté doucement... comme on apprend en centre de rééducation. Comme vous voyez, ça penche ! J’ai des roues qui ne touchent pas par terre, j’étais à deux doigts de tomber là, je crois !".
Un parcours à risque en raison de la voirie mal adaptée, mais aussi lié à des actes d’incivilité, comme ce véhicule qui empiète sur le trottoir.
On voit que le camion dépasse vachement, ils ne réfléchissent pas aux piétons !
Damien Tanché
Des normes insuffisantes
Après une heure de gymkhana, trois fois le temps nécessaire à un piéton, les premiers commerces sont en vue, le début de nouvelles difficultés.
La boutique de chaussure a prévu un plan incliné pour le fauteuil roulant, mais à cause du groom de la porte (qui déclenche son retour automatique), Damien Tanché a toutes les peines du monde à la tenir et manoeuvrer son fauteuil en montée en même temps. Sans l'aide d'une tierce personne, il ne peut entrer.
Nous, on a la largeur, on est là constamment, mais ce n'est peut-être pas suffisant ! Encore, nous ça va, mais il y a des magasins où c’est pire que ça.
Isabelle SylvestreVendeuse dans un magasin de chaussures
C'est le cas de ce restaurant où la marche empêche tout accès en fauteuil, conséquence, les virées en centre-ville, Damien Tanché y a pratiquement renoncé : "J’y vais pratiquement plus, seulement quand j'ai une obligation, lorsque j’ai des convocations".
Loin d’être une exception en France, la ville de Niort est pointée du doigt par les associations de soutien aux handicapés pour son manque d’engagement financier. Damien Tranché lui, fait désormais ses courses en grandes surfaces.