Le 21 juin est célébrée la fête de la musique, c'est aussi le début des festivals d'été. Des groupes plus ou moins amateurs fleurissent à chaque coin de rue et sur les scènes mais quel est le quotidien économique de ces artistes ? Nos invités ont exploré la question avec nous.
Qu’est-ce-qui pousse les musiciens ? Comment se paient-ils ? Au temps de Youtube, Deezer et autres robinets à musique gratuits ou presque, comment faire sa place ? Peuvent-ils vraiment vivre de leur art ? Avec quelles difficultés ? Quelles joies ?
Autour de la table pour en débattre, plusieurs invités :
- Alexandre Poussard, le chanteur de Colours in the street, au départ, un groupe de "potes" de lycée de Niort
- Romain Gavilan alias Jekyll Wood, un projet musical que vous menez en parallèle à une activité professionnelle
- Emilie Yakich, responsable du chantier des Francofolies qui, chaque année, accompagne une quinzaine de jeunes musiciens
- Jean-Charles Dufeu, fondateur de Microcultures Records, un label indépendant établi dans la Vienne, au catalogue international et varié.
Depuis plusieurs années, on parle de crise du disque avec la chute des ventes de CDS, des supports physiques à cause des plates-formes en ligne, et pourtant, c’est seulement l'année dernière, en France, que les courbes se croisent et que le digital devient majoritaire.
Aujourd'hui, quasiment 1 consommateur de musique sur 2 (46%) utilise un service de streaming audio. Parmi eux, 5,5 millions ont souscrit un abonnement audio payant.
Mais les rémunérations des artistes ne reposent pas sur ces vues ou ces écoutes. L'économie de la musique d'aujourd'hui repose sur l'argent tiré des concerts. Il y a le cachet versé au groupe... Mais qu'en reste-t-il une fois remboursés le trajet, l'hébergement, une fois payés les éventuels intermédiaires, les proches du groupe qui s'occupent des lumières, du son... ?
Il y a aussi, comme pour toute diffusion publique, les droits d'auteurs versés par la SACEM, une enveloppe plus ou moins grosse suivant la jauge du concert.
C'est parfois aussi à l'occasion de ces scènes que les artistes peuvent vendre directement à leur public leurs CDs et leur merchandising (tee-shirts par exemple).
Il est donc essentiel de décrocher des dates, de se faire connaître. Dans ce contexte, impossible aujourd'hui de ne pas développer une stratégie de communication, une présence sur internet, via les réseaux sociaux et la publication de vidéos.
Pour certains, comme les Jabberwocky, cela aboutit à une notoriété fulgurante. Simplement posté en ligne, leur morceau Photomaton cumule rapidement des millions de vues. Cette chanson tape dans l’oreille de Peugeot, et ça devient une pub télé… Tout ça, avant même que ces 3 étudiants en médecine à l’époque n’aient fait le moindre concert.
D'autres tentent l'aventure du télécrochet. Audrey Joumas, du groupe poitevin rythm’ et blues Audrey et les faces B, a atteint la demie-finale de « The Voice » sur TF1, elle a d’ailleurs été récemment ré-invitée dans l’émission.
Nos invités n'ont pas opté pour cette formule pour l'instant, notamment par peur d'être formatés mais aussi parce que ces émissions, centrées sur la performance vocale, ne sont pas propices aux groupes.
Autre tendance notable dans l'économie de la musique, la souplesse des outils d'enregistrement. Beaucoup d'artistes commencent par s'auto-produire, à la maison, avec des ordinateurs et des logiciels. Mais créer un album reste malgré tout onéreux et long.
Le recours au financement participatif se généralise. Les artistes déjà "installés" y ont recours aussi. Barbara Carlotti est passée par là. Maisons de disque et tremplins de festivals le conseillent d'ailleurs aux jeunes musiciens. Cela fait partie des conseils pour démarrer dans le métier.