Les personnes ayant de saines habitudes de vie réduisent de 80 % leur risque de subir un premier Accident Vasculaire Cérébral. Sans tomber dans l'hypocondrie, rien n'empêche d'être vigilant. L'hôpital de Périgueux organise ce mardi une journée d'information
En France près de 800 000 personnes sont atteintes aujourd'hui par un AVC (140 000 de plus chaque année), 1/4 des patients a moins de 65 ans. 30 000 personnes en meurent, et plus de 500 000 victimes en gardent des séquelles. C'est la première cause de handicap acquis de l'adulte, la deuxième cause de démence après Alzheimer, et la première cause de mortalité chez la femme.
Une grande journée d’information sur les accidents vasculaires cérébraux se déroule à l'hôpital de Périgueux ce mardi, un prélude à la journée mondiale de lutte contre l'AVC qui aura lieu le 29 octobre, organisée notamment par la Société Française Neuro-Vasculaire. De 9h30 à 17h, dans le hall d’accueil du Centre Hospitalier il est donc possible de s'informer sur cet accident grave, mais si vous n'avez pas la possibilité de vous rendre à cette journée, voici tout ce qu'il faut savoir sur l'AVC.
L'AVC, plusieurs formes possibles
L'AVC ou "attaque cérébrale" est dû à l'arrêt brutal de l'irrigation sanguine qui prive d'oxygène les zones du cerveau touchées soit à cause d'un caillot qui obstrue une artère, soit du fait d'un vaisseau qui se rompt et provoque une hémorragie. C'est une urgence absolue, le traitement devant intervenir dans les quatre heures et demie suivant l'AVC, le plus tôt étant le mieux afin d'éviter le décès ou des séquelles motrices ou intellectuelles importantes. Les conséquences peuvent en effet être dramatiques avec des cellules du cerveau qui sont détruites ou qui ne reçoivent plus l’oxygène et le glucose dont elles ont besoin pour fonctionner normalement.
L'AVC peut être dû à un arrêt du flux sanguin, à cause d'un caillot par exemple. On parle alors d'AVC ischémique cérébral, aussi appelé infarctus cérébral. Ce type d'AVC concerne 85% des cas d'AVC. Le caillot qui bouche le vaisseau peut avoir été amené par la circulation sanguine (AVC embolique), ou s'être formé directement dans le cerveau (thrombose). Ce type d'AVC s'oppose à l'AVC hémorragique, causé par la rupture d'un vaisseau sanguin à l'intérieur du cerveau, entraînant une hémorragie. Un hématome se forme, comprime la zone cérébrale atteinte et interrompt la circulation sanguine. Ce scénario concerne 20% des AVC.
La rupture d'anévrisme
Parmi les AVC hémorragiques, on distingue deux cas particuliers : la malformation des vaisseaux sanguins et la rupture d'anévrisme. La malformation des vaisseaux sanguins, présente généralement dès la naissance, augmente le risque d'AVC hémorragique. L'anévrisme cérébral est un point faible d'un vaisseau sanguin, une dilatation anormale d'une artère qui irrigue le cerveau. Ce type d'anomalie est plus souvent présent chez les personnes souffrant d'hypertension, de cholestérol ou encore chez les fumeurs. Sous la pression artérielle, un ballon de sang se forme au niveau de l'anévrisme. La rupture de l'anévrisme entraîne alors une hémorragie cérébrale qui peut être fatale. Ce cas particulier concerne 10% des AVC et est responsable de 50% des AVC mortels chez les personnes de moins de 45 ans.
Des signes à prendre en compte immédiatement
Les signes annonciateurs de l'AVC sont soudains et latéralisés : une paralysie ou un engourdissement d'un coté du corps, des troubles du langage, une déformation de la bouche, une céphalée atroce inhabituelle, la diminution soudaine de la vision d'un oeil, des vertiges, des troubles de l'équilibre. Si vous décelez ces symptômes sur vous ou l'un de vos proches, soyez prêt à réagir immédiatement, car en cas d'AVC chaque minute compte. Dans l'urgence, appelez le 15 !
Pour en savoir plus : https://www.accidentvasculairecerebral.fr/
30 000 morts par an, des séquelles irréparables
Selon les derniers chiffres parus dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'agence Santé publique France, les AVC tuent plus de 30.000 personnes par an dans l'hexagone. Les femmes sont les plus fortement touchées. C'est aujourd'hui la première cause de mortalité chez les femmes, devant le cancer du poumon, avec 18.343 décès enregistrés en 2013, et la troisième cause de mortalité chez les hommes (13.003 décès) après le cancer du poumon et les causes externes (accidents, suicide). Quand il n'est pas mortel, l'AVC peut néanmoins être très lourd de conséquences. Près de 25% des AVC surviennent chez des personnes de moins de 65 ans qui, dans 30% à 50% des cas, ne sont ensuite pas en mesure de reprendre leur activité professionnelle.
Baisse de mortalité, mais des chiffres toujours inquiétants
La situation reste préoccupante en ce qui concerne les hospitalisations pour AVC, qui sont passées de 97.000 en 2008 à 110.000 en 2014, selon une seconde étude publiée par le BEH. Grâce au développement d'unités neuro-vasculaires spécialisées permettant une prise en charge plus rapide de cette pathologie, le taux de mortalité par AVC a diminué globalement d'un peu plus de 13% entre 2008 et 2013 dans toutes les classes d'âge, à l'exception des femmes âgées de 45 à 64 ans et des personnes de plus de 85 ans. Depuis 2003, la thrombolyse (à moins de 4h30 après la survenue de l’AVC), puis depuis 2015 la thrombectomie (à moins de 06h00 après la survenue de l’AVC), à la phase aigüe de l’accident ischémique, sont deux traitements qui ont permis de diminuer considérablement le risque de handicap.
Principaux facteurs de risque l'âge, l'hypertension artérielle, le tabagisme, le diabète, l'obésité et la sédentarité
La mortalité toujours importante chez les femmes de 45 à 64 ans pourrait notamment s'expliquer par une forte augmentation du tabagisme dans cette tranche d'âge. Le taux d'hospitalisation pour des AVC ischémiques a baissé chez les personnes les plus âgées alors qu'il a enregistré une hausse significative chez les 35 à 64 ans, pour des raisons "probablement multiples", le tabagisme et la sédentarité, mais également la consommation de cannabis, les alcoolisations ponctuelles ou la pollution de l'air.
Importantes disparités régionales
Il existe d'importantes disparités régionales, les taux de mortalité les plus importants étant observés dans les départements ultramarins (notamment à la Réunion et en Guyane) et pour la métropole, dans les régions Hauts-de-France et Bretagne, alors que l'Ile-de-France affiche un taux deux fois plus bas qu'à la Réunion.
10 règles pour prévenir, et ne pas avoir à guérir
Des campagnes de prévention proposent au public une meilleure connaissance des signes de l'AVC. Outre la connaissance des symptômes, elles indiquent des solutions simples d'hygiène de vie pour réduire les risques.
- ne pas fumer
- éviter les excès d’alcool
- intégrer des activités physiques dans son quotidien
- maintenir un poids santé en calculant son indice de masse corporelle (IMC)
- Faire de bons choix alimentaires : l’alimentation influe sur plusieurs facteurs de risque d’AVC. Des chercheurs ont passé en revue 375 études parues entre 1979 et 2004 afin de cerner le type d’alimentation qui contribue le mieux à prévenir les AVC. Selon leurs analyses, une alimentation pauvre en sel (moins de 1 150 mg par jour) et riche en potassium et en magnésium abaisse la tension artérielle et, de ce fait, contribue à prévenir les AVC. Une alimentation riche en fruits et en légumes fournit généralement des quantités adéquates de potassium. Les céréales entières, les noix, les graines, les légumineuses et les légumes à feuilles vert foncé sont de bonnes sources de potassium. Les études montrent que les personnes qui consomment environ 10 portions de fruits et de légumes par jour, qui privilégient les céréales à grains entiers et qui mangent de 1 à 2 portions de poisson gras par semaine courent moins le risque de souffrir d’un AVC.
- Lutter contre l'hypertension, surveiller régulièrement sa tension artérielle et traiter l’hypertension éventuelle, même si elle est asymptomatique. Il s’agit du facteur de risque le plus important à contrôler. Un régime adapté ou le régime méditerranéen aident à éviter l’hypertension de façon efficace. Une saine alimentation implique également d’éviter la nourriture très salée. La pratique de l’exercice physique, une consommation modérée d’alcool et le fait de cesser de fumer sont quelques mesures qui contribuent à abaisser la pression sanguine. La prise de médicaments comme les diurétiques ou les bêtabloquants est parfois nécessaire. .
- éviter les risques psycho-‐sociaux (stress, dépression, évènements de la vie)
- Changer de méthode contraceptive si nécessaire. Les femmes de plus de 35 ans qui prennent une pilule contraceptive et qui sont considérées à risque parce qu’elles fument ou parce qu’elles ont une tension artérielle élevée devraient opter pour une autre méthode contraceptive, comme un dispositif intra-utérin ou une pilule qui ne contient que de la progestérone.
- Consulter son médecin sans tarder en cas de rythme cardiaque anormalement rapide ou irrégulier et dans tous les cas consulter son médecin à la fréquence recommandée par celui-ci et se soumettre à des examens et à des traitements médicaux. Lorsqu’un patient court un risque élevé d’avoir un AVC, le médecin peut écouter au stéthoscope le bruit de ses artères carotides. S’il soupçonne qu’une artère est touchée par l’athérosclérose, il recommande une échographie Doppler des carotides. Cet examen permet de connaître le degré de rétrécissement de l’artère. Procéder régulièrement à un bilan des lipides sanguins. Prendre les mesures nécessaires pour corriger les anomalies.Le Canada par exemple recommande un dépistage systématique tous les 5 ans dans le cas des hommes de plus de 40 ans et des femmes ménopausées ou âgées de plus de 50 ans. Les personnes à risque qui souffrent de diabète, d’hypertension, de tabagisme, d’obésité abdominale, d’antécédents familiaux de maladies cardiovasculaires devraient se soumettre à un dépistage plus fréquent.
- Vérifier ou faire vérifier régulièrement sa glycémie dans le but de prévenir le diabète. De plus, bien contrôler sa glycémie si on est diabétique. Au moment de l’examen médical périodique, si le médecin juge que c’est nécessaire, il peut prescrire un test de glycémie à jeun
Le centre hospitalier de Périgueux a offert au public une journée d'information sur l'Accident Vasculaire Cérébral, première cause de mortalité féminine en France
•
©France 3 Périgords