Le leader européen dans les explosifs, propulseurs et combustibles militaires, installé à Bergerac en Dordogne , participe activement à l'économie de guerre française en fabriquant les charges modulaires propulsant les obus. Des travaux sont également en cours pour rapatrier la fabrication de poudre sur le site périgourdin.
À Bergerac, une entreprise participe activement à l'économie de guerre. Et exceptionnellement, elle a ouvert mardi 19 mars ses portes à quelques journalistes. Derrière les hauts murs d'Eurenco, leader européen dans les explosifs, propulseurs et combustibles militaires, se fabriquent notamment des charges modulaires, qui servent à propulser les obus.
500 000 charges modulaires par an
Avec le contexte européen actuel, la guerre en Ukraine et la forte demande en termes de défense, le site de Bergerac tourne à plein régime. "Nous avons monté la capacité de nos lignes, car nous sommes en économie de guerre, explique Vincent Delesse, le directeur d'Eurenco Bergerac. Nous travaillons actuellement sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, avec une capacité de 500 000 charges modulaires à l'année."
Partout sur les lignes de production, les machines se sont multipliées, pour faire face aux commandes toujours plus importantes. "On peut maintenant produire plus vite. Avec quatre machines, on peut sortir mille tubes allumeurs par jour, et on arrive à alimenter largement nos deux lignes de production de charges modulaires", détaille Julien Loyer, technicien industrialisation, devant la machine remplissant des tubes de poudre explosive. Ces tubes sont ensuite installés dans les charges.
Notre carnet de commandes est plein. Il faut reconstituer les stocks stratégiques des États membres de l'Union européenne, et en particulier de la France.
Vincent DelesseDirecteur du site Eurenco Bergerac
Le site de Bergerac a aussi lancé des études pour construire un deuxième bâtiment identique, avec une capacité de 600 000 charges modulaires à l'horizon 2026. "L'objectif, à terme, est de fournir plus d'un million de charges modulaires par an", selon le directeur du site, pour répondre aux demandes de l'État français.
Rapatrier la poudre à Bergerac
Dehors, derrière les locaux existants, des travaux sont déjà en cours. Début 2025, quinze nouveaux bâtiments vont sortir de terre afin de fabriquer sur site la poudre contenue dans les tubes allumeurs des charges modulaires. Pour l'instant, cette poudre est fabriquée en Suède, à Karlskoga, dans un des quatre centres européens d'Eurenco.
"Cela fait suite à une décision du ministre de la Défense en février 2023, pour permettre à la France d'être souveraine dans ses activités de défense", pose Vincent Delesse. L'État français, en tant que principal actionnaire d'Eurenco, souhaite rapatrier sur le territoire national la fabrication de munitions, et notamment des canons Caesar, actuellement livrés à l'Ukraine.
La poudre à Bergerac date des années 1914-1915. Les Bergeracois sont particulièrement fiers de voir repartir cette activité.
Vincent DelesseDirecteur du site Eurenco Bergerac
Avec ces nouveaux chantiers, le site d'Eurenco du Périgord va continuer de monter en puissance. En 2025, quatre-vingts à cent personnes seront employées pour faire fonctionner vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept les lignes servant à fabriquer la poudre 100% française.