Une convention passée entre l'opérateur électrique et la Ligue de Protection des Oiseaux vise à protéger les oiseaux, parfois des espèces protégées, trop souvent victimes des installations électriques. Illustration en Dordogne
Les activités humaines, cela ne fait plus de doute, sont la cause de la disparition de la biodiversité. Et parmi ces causes, il y en a une qui est aussi ancienne que l'apparition de l'électricité : l'impact des lignes, poteaux et pylônes électriques sur la mortalité par électrocution ou percussion des oiseaux. Chaque année en Europe, des millions d'entre eux disparaissent. Rien qu'en France, ils sont victimes de collisions ou d'électrocution avec les 180 000 km de câbles haute tension et 1,65 million de km de lignes qui quadrillent le territoire.
Lignes invisibles et serres perçantes
Car en vol, certains oiseaux peuvent se briser les ailes sur des lignes qu'ils ne voient pas, d'autres peuvent s'électrocuter en plantant leurs serres dans des câbles. Côté volatiles, le bilan est souvent lourd. Une majorité de rapaces sont à compter parmi les victimes : buses variables, faucons crécerelles, vautours moines, gypaètes barbus, aigles de Bonelli ou milans royaux, des espèces parfois rares dont la disparition d'un seul individu peut menacer une implantation locale. Côté humain, la gêne est bien moins visible, juste quelques microcoupures d'électricité.
Partenariat protecteur
Faute de pouvoir enterrer tous les réseaux, il convenait de s'occuper des situations les plus critiques. En novembre dernier, un partenariat dans ce sens a été passé entre la Ligue de Protection des Oiseaux, France nature environnement, Enedis et le Comité national avifaune. Dans le cadre de son programme LIFE, la Commission Européenne a attribué à ce projet Safeline4birds un budget de 14 M€, dont 2,8 M€ sont réservés aux actions d’Enedis
Depuis le 1ᵉʳ janvier 2023 et pour une durée de 6 ans, il s'agit de réduire la mortalité non naturelle de 13 espèces d’oiseaux emblématiques et menacées d’Europe.
Avertir et isoler
Sur le terrain, à l'aide de drones, les équipes d'Enedis posent des balises Firefly tous les 15 mètres sur les lignes électriques. Ces effaroucheurs photoluminescents, des boules ou serpentins, rendent les lignes électriques perceptibles aux oiseaux. Ailleurs, on pose des dispositifs de neutralisation isolants ou des appareils de dissuasion sur les poteaux pour éviter l'accident. C'est le cas sur cette portion de 9 km en Dordogne, où 300 000 euros sont investis pour modifier et isoler une centaine de poteaux d'ici à la fin de la semaine.
Anticiper
Enfin, il ne s'agit pas que de réparer les erreurs du passé, mais aussi de prévoir celles de l'avenir. La multiplication de nouvelles installations liées au développement des énergies renouvelables doit ainsi anticiper son impact sur l'avifaune. Enedis s'engage aussi à mieux planifier ses opérations de désherbage et débroussaillage pour éviter les périodes de nidification. Un petit pas pour réduire notre culpabilité envers l'environnement.