Les boutiques de vente directe sont désertées par les clients confinés et si les apiculteurs peuvent continuer à se déplacer pour leur activité professionnelle, ils sont très inquiets, en particulier en Dordogne, troisième région de France en nombre d'apiculteurs.
Avec l'arrivée du printemps, les abeilles prennent des forces. Elles butinent dans les colzas et les fruitiers en fleurs et font le plein de nectar et de pollen.
Pour les apiculteurs aussi, c'est la reprise. Il faut surveiller la croissance des colonies, surveiller les variations de température et préparer les ruches. Ils ont obtenu une dérogation pour se déplacer dans le cadre de leur activité professionnelle mais le confinement les empêche de vendre.
Jacques Laugenie est installé à la Bachellerie près de Montignac et de la grotte de Lascaux depuis plus de quarante ans.
Habituellement, à cette époque de l'année, il vend ses essaims à des clients de toute la France. Mais depuis le début du confinement, ces derniers ne peuvent plus se déplacer et Jacques est dans l'incapacité de poursuivre cette activité. Il ne sait pas comment s'en sortir. Ses colonies grossissent. Il va devoir les installer dans des ruches plus grandes.
C'est tout son travail qui est compromis lui qui, normalement, partage sa passion et fait découvrir aux touristes la vie des abeilles. En été, il explique l’extraction du miel deux fois par semaine. Hors saison, il organise des visites sur rendez-vous. Des visites stoppées depuis le 23 mars.C'est très compliqué parce que nous avons des clients qui nous viennent de Nantes, de Poitiers et d'ailleurs et ils ne peuvent pas se déplacer. Nous sommes obligés de les garder en attendant que le confinement soit levé.
L'apiculteur périgordin fait aussi de la vente directe mais sa boutique est fermée. Ses ventes en ligne sont également compromises, la Poste fonctionne au ralenti depuis le 23 mars.
Normalement, à cette époque on a les touristes mais avec le confinement, il n'y a personne. Les ventes sont actuellement à zéro.
Pourtant Jacques veut garder le moral et relativise. au moins, il ne risque pas de perdre sa production de miel.
Dès l'instant où il a été récolté dans de bonnes conditions, conservé dans de bonnes conditions, le miel se conserve très bien. Si on ne le vend pas aujourd'hui, on le vendra dans quinze jours ou dans un mois.
Les apiculteurs amateurs eux-aussi sont inquiets. Ils sollicitent Edith Bourdial, présidente du syndicat d'apiculture de la Dordogne qui milite pour le développement de partenariat avec les commerces locaux.
En Dordogne, 58% des apiculteurs font de la vente en circuit court pour les 3/4 de leur chiffre d'Affaires.Ce que je leur conseillerais et, c'est d'ailleurs ce que conseille l'UNAF, c'est de prendre contact avec leur boulanger, leur boucher, leur épicierie du coin et faire des propositions.
Selon la confédération paysanne, la filière apicole aurait perdu 70 % de ses revenus depuis le début du confinement.
La situation est préoccupante dans toute la Nouvelle-Aquitaine, troisième région de France en nombre d'apiculteurs.