En juin, deux épisodes de grêles ont frappé le Bergeracois puis le Ribéracois. Le ministre de l'agriculture a annoncé une série de mesures. Elles sont loin de satisfaire les agriculteurs périgourdins
La nuit du 20 au 21 juin 2022, Clément Courteix a perdu 160 hectares de céréales, 64% de son exploitation. Ce jeune agriculteur est en train de reprendre la ferme de ses parents. Son exploitation est déjà à bout de souffle. Il estime ces pertes à 300 000 millions d'euros.
Mais il espère toucher au mieux 5 000 euros de l'Etat. On comprend vite pourquoi il estime que les mesures annoncées hier, mercredi 3 août "ne sont pas à la hauteur". D'autant que Clément Courteix n'est pas assuré. Trop cher rapporté à un risque peu probable jusqu'à récemment.
Sur quatre générations, on a connu la grêle. Mais on perdait 10 à 20% de la production sur quelques parcelles. Jamais on a perdu toute la récolte sur plus de la moitié de la surface.
Clément comptait sur les aides de l'Etat pour, au moins, payer ses fournisseurs, les charges engagées.
Il faut aller beaucoup plus loin pour sauver les exploitations sinon c'est des dépôts de bilan dans le secteur conclut-il.
Mission flash
Après les violents épisodes de grêle en mai et juin dernier, le gouvernement avait diligenté une mission flash le 22 juin. Elle a rendu ses conclusions et ses recommandations que le ministre de l'agriculture a présentées hier :
Marc Fesneau, a demandé "aux préfets d'activer sans délai les cellules d'urgence" pour recenser les dégâts, "notamment au plan psychologique". Il a invité le "réseau bancaire" à la "bienveillance" quant à l'échelonnement ou le report d'échéances auxquels les agriculteurs font face à cause de trésoreries affaiblies.
Le ministre a également sollicité son homologue de l'Économie et des finances pour "surveiller voire lutter contre une flambée anormale des prix sur les devis des actes de désamiantage, de déconstruction, puis de reconstruction des toitures et bâtiments" concernés par les épisodes de grêle. Les aides de la PAC, prévues pour les cas de force majeur ou les circonstances exceptionnelles, pourront également être demandées dans certains cas.
Enfin, et la mesure était réclamée en Dordogne, le fonds d'urgence prévu pour le gel est élargi aux épisodes de grêles. 40 millions d'euros pour tous les agriculteurs touchés en France. Un montant jugé largement insuffisant.
40 millions de perte rien qu'en Dordogne
Le 5 juin, la grêle frappait la vigne en Bergeracois. Les dégâts ont été évalués à 15 millions. Quinze jours plus tard, c'est le Ribéracois qui était, à son tour, touché pour environ 25 millions de pertes.
40 millions d'euros, c'est l'enveloppe qu'il faudra pour couvrir les pertes qu'on a eues en Dordogne.
Jean-Philippe Granger | Président de la chambre d'agriculture de la Dordogne
L'enveloppe globale est insuffisante. Tout comme le montant par agriculteur. Jean-Philippe Granger connaît bien le dispositif de fonds d'urgence, déjà utilisé après le gel en Bergeracois. "Ca va très vite" mais, nuance -t-il, l'aide est plafonnée à 5 000 euros par agriculteur. Les aides exceptionnelles de la PAC, elles ne peuvent pas dépasser les 15 000 euros.
Si on prend les mesures annoncées, un agriculteur qui pourrait aller à tous les plafonds aurait 20 000 euros. J'estime que c'est à peu près le prix de l'engrais et des semences pour 20 hectares. Ca veut dire qu'il va y avoir beaucoup d'agriculteurs touchés qui ne trouveront pas leur compte.
En Dordogne, 400 agriculteurs ont été victimes de la grêle en juin. Soixante-et-une communes sont concernées. Jean-Philippe Granger n'en doute pas, il y a des exploitations qui vont mettre la clé sous la porte. "On va trouver les moyens de les accompagner" promet-il.