Célèbre pour avoir construit elle-même son propre château, Jacquette de Montbron a laissé une trace architecturale en Périgord. Elle y a notamment ouvert la voie des constructions de style Renaissance.
Née en 1542, dans l'une des puissantes familles de l'Angoumois (actuelle Charente), Jacquette de Montbron épouse André de Bourdeille à l'âge de 16 ans. Seigneur de la Tour-Blance en Périgord et lieutenant du roi Henri III. À sa mort, elle devient sa seule héritière ; il lui lègue l'ensemble de ses maisons. Mais cela ne l'empêche pas de nourrir l'ambition de construire le sien propre.
Être femme au 16ème siècle, ce n'est pas facile et même pour une femme d'aristocratie, comme c'était le cas de Jacquette de Montbron, explique Joëlle Chevé, historienne. Mais elle a montré, une fois veuve, que l'on pouvait faire preuve d'autonomie. C'est l'une des rares femmes qui a construit son propre château, à côté du château féodal des ancêtres de son mari.
Un château de style Renaissance
Elle était dame d'honneur de Médicis, donc très proche aussi de tous les architectes et artistes de la Cour. Son château était inspiré par les villas italiennes.Elle a laissé en Périgord, non seulement l'exemple d'un château au féminin mais aussi très original, qui trace vraiment un chemin pour les futures constructions Renaissance en Périgord ajoute Joëlle Chevé.
Veuve, elle sera souvent courtisée. Parmi ses prétendants, son beau-frère, le célèbre Brantôme, militaire et écrivain. Il rédigera par ailleurs son oraison funèbre, 40 jours après sa mort survenue le 28 juin 1598, qui laissera une trace dans l'Histoire de sa personnalité. "Elle estoit sage et fort vertueuse, et surtout très-bonne, aymant fort son peuple […]. Elle avoit l’esprit fort bon et subtil, et le jugemen surtout ferme et solide, qui ne s’en rencontre pas tousjours en un mesme subjet. Elle parloit fort bien et fort eloquemment […] ; quelque subject qu’elles traictent, soient guerres, affaires, et de toutes sciences, bref de toutes choses, car elle n’ignoroit rien ; et, son entretien estoit très-beau, et tousjours plein de beaux discours et parolles. Elle a faict et composé de très-belles poesies et d’autres belles choses en prose, qui se voyent et se treuvent en son cabinet parmy ses livres, de la lecture desquelz elle estoit très-curieuse, et s’y addonnoit ordinairement et jour et nuict. Elle parloit et entendoit bien la langue Espaignolle et Italienne, et quelque peu le Latin" - extrait du Recueil des Dames, p. 975