Tous les anciens élèves de Mademoiselle Cramarégeas étaient là pour une soirée mémorable, pour lui témoigner leur affection et leur reconnaissance. Ces vieux écoliers rendent hommage à celle qui a été responsable durant une dizaine d'années d’une classe juchée sur les coteaux de St Cyprien en Dordogne, mêlant des enfants de 5 à 14 ans. On vous parle d’un temps…révolu.
Cette réunion d’anciens a la saveur de l’inédit et de l’émotion.
"C’est pas les anciens élèves mais les élèves » insiste Edouard Aynaud, très dissipé. Ce soir de mai 2022, une scolarité entière de souvenirs revient en mémoire, pour laisser vivre à ce grand enfant, comme aux autres, des « gamineries de plus de 50 ans".
"Les plus belles années de toute ma carrière"
« Quand je vois le bonheur qu’elle a eu quand elle a vu tout le monde, je trouve çà génial. Pour nous, c’est une bonne récompense » nous dit ému Edouard Aynaud, l'un des organisateurs de cette réunion, revenant sur les années de métier de cette institutrice hors norme et plus précisément, sur ses années à l'ancienne école de Saint Cyprien, commune des bords de la Dordogne.
Un moment suspendu qu’elle évoque toujours comme « les plus belles années de toute sa carrière ». Dans les faits, dix ans à diriger une classe unique sur les hauteurs de St Cyprien fermée en 1961 et qu’on appelait alors « l’école des Caves ». Cette école avait été ouverte à la demande des exploitants agricoles pour que leurs enfants aient leur classe plus près.
"On avait une ambiance. Avec les parents et les enfants, c’était familial" se souvient elle, des étoiles plein les yeux. Ces enfants dont elle s’est occupés jusqu‘au certificat d’étude apprenaient leurs rudiments mais devaient également gérer d’autres tâches plus domestiques dignes d’une vie en communauté dans un bâtiment vétuste. Car là haut, il n’y avait pas de chauffage central se souvient l’institutrice "Là- haut les gosses préparaient le soir le feu, ils coupaient le bois et le matin, ils raclaient les cendres. Et à midi, on mangeait tous à la cantine, c’est moi qui faisais chauffer les repas."
Car c’est le souvenir le plus marquant qu’ils ont tous en tête: celui de la maîtresse en train de réchauffer leur gamelle sur le four à bois.
"Les enfants étaient plus obéissants et les parents m’aidaient sans arrêt. C’était bien", conclue-t-elle.
Un moment béni de leur enfance
Jean Marc Tabanou a lui aussi participer à l'élaboration de l'événement. Il est très fier d'avoir pu surprendre son ancienne institutrice âgée aujourd'hui de 87 ans.
"Elle est vraiment très heureuse, émerveillée comme je l’ai connue comme quand je suis entrée à l’école".
Mais ce qui le touche le plus aujourd'hui, c'est de se rendre compte de l'impact que cette enseignante a eu sur la suite de sa vie.
Avec le recul, je me rends compte que c’est elle ma véritable pédagogue. C’est elle qui m’a appris les bases de mes connaissances. Il faut bien démarrer en scolarité pour avoir une continuité facile et pour moi l’école, je crois grâce à elle, ça a été tout le temps facile. Je m’ennuyais pas à l’école, j’étais heureux d’aller en classe, j’étais heureux d’aller à l’école, je crois grâce à elle.
Jean-Marie TabanouSource : France 3 Aquitaine
"Je n’oublierai jamais l’ambiance qu’elle avait su mettre dans cette classe malgré la différence d’âge. Imaginez aujourd’hui, mélanger des enfants de 5 ans à 14 ans ."
Autre moment de joie intense pour les enfants, ils se remémorent les fêtes de Noël, imaginées par son ancienne institutrice pour qu'elles durent toute une demie journée en présence des familles. " Elle avait préparé un spectacle avec nous, avec tous les enfants et vraiment c’était magique. Et on était heureux de préparer quelque chose devant nos parents."
Le devoir accompli
Bien évidemment, quand il revient à Jeannine Cramarégeas d'énoncer les derniers mots à l'attention de ses anciens élèves, l'émotion est bien présente "Un grand grand merci, vous me faites un bonheur! À la fin de ma vie presque!!! et la taquinerie pas loin: « Toi tu t’étais bien gardé de me dire qu’il y aurait autant d’anciens élèves » dit-elle à l'adresse de Jean-Marie Tabanou, qui reprend instantanément une attitude de petit garçon filou pris sur le vif.