L'impossible deuil africain d'une famille du Périgord

Serge, 48 ans, est décédé d'une maladie foudroyante au Cameroun, et faute de moyens, sa famille n'a pas pu rapatrier son corps. Mais la manière dont il a été inhumé sur place révolte la famille, impuissante et désespérée... ©France 3 Périgords

Serge, 48 ans, est décédé d'une maladie foudroyante au Cameroun, et faute de moyens, sa famille n'a pas pu rapatrier son corps. Mais la manière dont il a été inhumé sur place révolte la famille, impuissante et désespérée...

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Serge n'avait même pas la cinquantaine. Ce natif du Paunat (24) était parti s'installer au Cameroun pour six mois, afin de dispenser des formations aux outils agricoles. Il avait été recruté par une coopérative locale qui lui avait payé le voyage. Une jolie aventure pour ce père de deux enfants de 8 et 16 ans.
Mais en octobre dernier, il tombe gravement malade. Hospitalisé, il succombera quelques jours plus tard, le 19 octobre, victime d'une septicémie foudroyante.

En pareil cas, c'est l'assurance de l'employeur qui aurait dû assurer le rapatriement de la victime en France. Sauf que l'employeur, s'il a bien assumé les frais d'hospitalisation, n'avait pas souscrit d'assurance rapatriement. Dans ce cas, c'est à la famille du défunt d'assurer le rapatriement. Il n'existe pas d'organisme public prenant en charge ce type de frais.

Or la famille de Serge Taulou n'a pas les moyens de trouver immédiatement les 8 000 euros que coûteraient ce rapatriement. Il faut trouver une solution d'urgence, en attendant. Les parents se résignent donc à confier l'inhumation de Serge à une entreprise de pompes funèbres de Yaoundé. Elle assure s'occuper de tout, pour un peu moins de 2 500 Euros. Plus de deux mois de salaire moyen au Cameroun.
De quoi attendre de s'organiser... Sauf que les photos qui vont leur parvenir peu de temps après, via le mail des pompes funèbres camerounaise, les révoltent.

Serge a été enterré sans dignité. Enseveli très rapidement, sous un simple tas de terre, dans un bout de terrain qui ne semble même pas être un cimetière, son nom inscrit sur un simple bout de carton...
L’ambassade de France théoriquement représentée en pareil cas, n'a même pas été informée pour être représentée. Et elle a bien répondu à la famille qu'elle convoquerait le gérant de l'entreprise de pompes funèbres pour "rendre des comptes". Mais cela ne change rien au problème de la famille Taulou. Pis , toujours dans l'impossibilité de payer le rapatriement, elle voit le coût des frais de morgue à Yaoundé augmenter de 500 euros à chaque mois qui passe. 

Les Taulou ont bien tenté de sensibiliser autour d'eux. Les habitants de Paunat ont mis la main à la poche, ils ont permis de rassembler 1500 euros. Une cagnotte a été lancée en ligne sur le site leetchi a permis de récolter 1200 euros à ce jour... Et Elisabeth, la soeur de Serge, continue de recueillir les dons, petit à petit, autour d'elle (contact 07 82 33 71 08 ou par mail à etaulou@free.fr).

Mais une telle somme est longue à réunir. Alors la famille Taulou a aussi tenté de faire appel aux officiels... Mais que ce soit du côté du député de la circonscription, du maire de Lalinde où réside la soeur de Serge, et même de l'Elysée, la réponse a toujours été la même : en cette période de vaches maigres, il n'y a aucun moyen prévu ou disponible pour un cas comme celui-ci !

Alors la famille continue sa lente collecte dans l'espoir de pouvoir un jour exhumer Serge et l’enterrer dans le caveau familial, à Paunat, avec sa mère et ses grands-parents, dans la dignité... et pour pouvoir enfin faire son deuil.
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