Les derviches tourneurs de Damas offrent leur poésie à Monpazier

Leur pays est en guerre. Alors pour se produire, les Derviches tourneurs de Damas ont choisi la bastide de Monpazier en Dordogne. Ils y étaient ce week-end pour un spectacle musical à l'occasion du festival l'été musical en Bergerac. Un moment de poésie, et de partage interculturel. 

Au clair d'un croissant de lune et d'une infinitude d'étoiles, des chants qui rappellent le désert. Grande voix de la mosquée des omeyyades de Damas
le chanteur soufi Nourreddine Kourshid emplit de sa voix toute la bastide de Monpazier. Avec sa troupe d'artistes syriens, de passage en Dordogne, il offre son art, comme une réponse à la violence actuelle. Pour lui, c'est avant tout une performance artistique et surtout pas de la prédication. 

Tout ce que nous voulons, tout ce que nous faisons sur scène c'est simplement pour montrer au public comment nous communiquons avec notre Dieu... Ce n'est pas pour transmettre, ni pour convaincre précise Nourredine Kourshid

Fuir un pays en guerre, pour continuer son art

Leur spectacle offre une danse pour laquelle les derviches sont connus comme "tourneurs" : un étonnant tournoiement censé être une méditation, une communion avec le divin. Parmi les artistes présents sur scène certains ont fuit leur pays en guerre et vivent exilés en Europe

On est vraiment content de pouvoir se produire ici en France et en Europe car dans notre pays, nous n'y arrivons plus. C'est pour ça qu'on est là, pour montrer aux gens ce que sont nos chants et notre musique - Abdulrahman Modawar, chanteur

600 spectateurs étaient présents ce dimanche pour assister à ce spectacle étonnant. Le festival l'été musical en Bergerac continue chaque jour jusqu'au 16 août avec notamment 3 jours de jazz au château de Biron.

Au fait, c'est quoi un derviche?

L'étymologie du mot est persane et signifie "pauvre", "mendiant". Les derviches sont des personnes suivant la voie ascétique soufie. Semblables aux moines des ordres mendiants chrétiens, les soufis cherchent "la voie" (tariqa) et pour eux, cette voie implique la reconnaissance de la pauvreté. Pour eux pauvreté et richesse sont les deux faces d'une même pièce. En effet, selon leurs croyances, la pauvreté leur permettrait d'atteindre une richesse intellectuelle conduisant à une tolérance universelle. Les derviches tourneurs croient au rapprochement de Dieu par la danse, et les chants, comme une communion avec le divin.