Les représentants des salariés de la papeterie de Condat, la direction, le préfet de Dordogne et le délégué interministériel se sont mis autour de la table ce vendredi. Ils ont décidé de ne plus attendre les 35 millions d'euros promis par l'Etat.
Las d'attendre le feu vert de l'UE pour une aide de l'Etat à 35 millions d'euros, les dirigeants de Lecta, propriétaires de la papeterie, ont opté pour un plan B. C'est la fin d'un feuilleton qui s'annonçait interminable.
Depuis le mois de décembre 2018, l'entreprise les Papeteries de Condat, basée au Lardin Saint-Lazare, en périgord, était en attente d'un versement de 35 millions d'euros. Une somme décisive pour le groupe industriel espagnol Lecta, et promise par l'Etat sous forme d'achat d'énergie pendant trois ans.
La demande présente des fragilités. On n'arrivera pas à les dépasser
Mais depuis cette annonce, la direction générale de la concurrence européenne a refusé de donner son feu vert.
"On a porté la demande à Bruxelles, elle présente un certain nombre de fragilités et je ne pense pas qu'on arrivera à les dépasser avec Bruxelles, a reconnu Marc Glita, le tout nouveau délégué interministériel aux restructurations d'entreprises, présent lors de la réunion de ce vendredi en préfecture à Périgueux, face à la direction et aux syndicats.
Les délais imposés par l'Europe n'étant pas compatibles avec les impératifs de l'industriel, "d'autres voies seront privilégiées", a assuré le délégué interministériel. Un plan B qui impliquerait cette fois les collectivités territoriales et l'Etat. Le montant espéré de cette nouvelle aide n'a pas été précisé.
Ligne 8 à l'arrêt
La Papeterie de Condat emploie environ 500 salariés. Mais ses coûts de production sont plus importants que ceux des autres usines du groupe, en Espagne et en Italie. L'une de ses lignes de fabrication, la numéro 8, est actuellement à l'arrêt.Lecta prévoit d'investir 48 millions€ pour sa remise en route, sous condition de bénéficier d'aides publiques.
Le seul projet de Lecta c'est d'essayer de faire payer son projet par l'Etat et les pouvoirs publics sans donner de garanties
Si la direction s'est voulue rassurante, les syndicats eux craignent des suppressions d'emplois. Réunis devant la préfecture, où se tenait la réunion, ils dénoncent une menace réelle.
"Le groupe Lecta n'a pas de projet industriel. Son seul projet c'est d'essayer de faire payer l'Etat et les pouvoirs publics sans donner de garanties", dénonce Patrick Bauret, secrétaire général de la Filpac-CGT, la Fédération du livre, du papier et de la communication (Filpac).
On se pose la question si demain il n'y aurait pas un fonds vautour qui viendrait racheter la majorité de Lecta et qui le vendrait ensuite en pièces. Il ferait payer aux contribuables français la fermeture de Condat, qui est la seule unité non bénéficiaire dans le groupe Lecta".
Regarder l'interview de Patrick Bauret