L'association de défense animale veut porter plainte contre les conditions de production de foie gras du Domaine de la Peyrouse (rattaché au lycée agricole de Périgueux). Dans une vidéo qu'elle diffuse apparaissent notamment des images de canetons "jetés vivants à la poubelle"
C'est la grande offensive hivernale médiatico-judiciaire des militants antispécistes * de L214 contre le foie gras.
Une guerre médiatique
Partisane de fêtes de fin d'années sans foie gras, et plus généralement d'un monde où l'homme consommerait moins de viande, c'est à l'un des plus grands centres de production de foie gras de Dordogne que l'association L214 a décidé de s'attaquer cette fois-ci, en diffusant un article et une nouvelle vidéo sur les réseaux sociaux.
Des images pour choquer l'opinion publique
L'Association L214 affirme que toutes les images ont été tournées en octobre et novembre dernier, à l'intérieur même des laboratoires de production du Domaine de Lapeyrouse, rattaché au Lycée Agricole de Périgueux. Elles montrent la chaîne de production du foie gras, de la couvaison des œufs jusqu'à la découpe du foie gras, en passant par la sélection des canetons et le gavage.
Le Domaine de Lapeyrouse est une des plus grosses exploitations de foie gras du département. Depuis plus de trente ans, les élèves du Lycée Agricole y apprennent l'ensemble de la chaîne de production du foie gras.
Une production interne, de l'oeuf au foie
Le lycée produit lui-même les canards mulards à partir desquels il élabore son foie gras. Il dispose pour cela d’un couvoir où incubent des œufs et éclosent des canetons. Et c'est la première étape sur laquelle s'attarde l'association L214. Car les images sont forcément choquantes. Et encore plus pour un public peu habitué à ces méthodes d'élevage.Euthanasie par asphyxie
C'est au moment du "tri" que l'on voit les canetons qui ne sont pas retenus (seuls les mâles sont conservés) être jetés vivants dans des bacs où ils meurent par centaines "étouffés ou morts de faim".
Deuxième étape le gavage "à la pompe pneumatique par des apprentis ", pendant une douzaine de jours. Un processus bien évidemment dénoncé par l'association qui estime que, ramené à l'échelle humaine, ce gavage reviendrait à ingurgiter 14 kg de pâtes par jour...
Abattu, le canard "reprend conscience" ?
Vient ensuite l'abattage pendant lequel l'association dénonce "des canards qui reprennent conscience sur la chaîne d’abattage". On y voit effectivement des canards saignés en train de s'agiter. Une affirmation sujette à caution. Les éleveurs de canard connaissant bien ce phénomène. Les mouvements sont dus aux réactions des nerfs, et l’animal peut encore bouger assez longtemps après la mort, sans reprise de conscience pour autant.
Quoi qu'il en soit, L 214 compte porter plainte pour cruauté contre le Domaine de la Peyrouse, et demander des sanctions "exemplaires" au ministère de l'Agriculture. À commencer par le retrait de la médaille d'or attribué à La Peyrouse au Concours général agricole 2019, et l'interdiction de servir de centre de formation.
La préfecture de Dordogne confirme les faits et sanctionne l'établissement
La Préfecture de Dordogne a apporté dès mardi sa réponse. Saisie d'un signalement par l'association le mois dernier, elle a procédé à un contrôle inopiné le 19 novembre 2019 dans le couvoir du lycée agricole pour vérifier si les canetons femelles étaient bien euthanasiées conformément à la réglementation. Or, le contrôle a révélé une méthode d’euthanasie "par asphyxie" non réglementaire. Le lycée a été mis en demeure de se mettre immédiatement en conformité et verbalisé pour manquement aux règles de protection animale.
Lors de l’éclosion de la semaine suivante, le 26 novembre, la Préfecture a constaté "que le lycée avait pris les dispositions nécessaires pour assurer, à l’issue du sexage des canetons, le dispositif de mort instantanée des canettes conformément au Règlement [...] sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort."
Pas sûr que l'association L214 se contente de cette première bataille gagnée pour abandonner définitivement la guerre du foie gras...
* Antispécisme : principe théorisé par le philosophe australien Peter Singer en 1975 qui prône que l'appartenance au règne animal n'est pas un critère pertinent pour décider de la manière dont on doit traiter un être vivant.