Francis Leroy a commis une dizaine d'agressions en Dordogne entre 1978 et 1984. Des séquestrations, des viols, des vols et un meurtre. La police, dépourvue du moindre indice, a retrouvé sa trace par hasard. Le jeune inspecteur de l'époque raconte l'affaire dans un ouvrage.
Guy Penaud est aujourd'hui à la retraite et passe beaucoup de temps à écrire. Sur d'anciennes affaires criminelles notamment. Son dernier ouvrage publié le 20 septembre dernier est le récit d'une de ses enquêtes : "le tueur de la pleine lune de Bergerac".
Le Périgord a peur
Nous sommes au début des années 80. Guy Penaud est jeune inspecteur à la police judiciaire de Périgueux. Un homme, dont personne ne sait rien, sème la terreur dans le département. Entre 1978 et 1984, il s'invite dans des habitations isolées du bergeracois et séquestre les occupants. Il commet des vols mais aussi deux viols et un meurtre.
"Chaque fois il apparaissait la nuit, masqué, il était extrêmement difficile de l'identifier" confie l'ancien enquêteur. "On n'avait aucun élément. Rien du tout". Les Périgourdins, paniqués, se demandaient qui sera la prochaine victime.
Une piste grâce... au hasard
C'est au hasard d'une discussion entre collègues policiers, un matin, au café, qu'une piste surgit. Un officier des renseignements généraux évoque une connaissance, habitant à Périgueux et travaillant dans un haras à Bourdeilles. "Sa femme allait faire du cheval là-bas, on lui avait dit de faire attention à cet homme. Il y a vingt ans, il avait tué quelqu'un du côté de Saintes", raconte Guy Penaud. Après vérifications, les policiers constatent que le mode opératoire relevé en Dordogne et en Charente-Maritime est parfaitement similaire.
Francis Leroy est interpellé. "L'audition a duré de huit heures du soir à six heures du matin, il m'a tout raconté". L'inspecteur devenu romancier se rappelle d'un homme "poli, élégamment vêtu, intelligent". "Tout le monde le disait bien élevé, il rendait service. Il avait deux facettes, gentleman farmer d'une part et son côté sombre de l'autre. C'était Dr Jekyll and Mr. Hyde".
"Je me faisais une maison"
Le meurtrier est condamné en 1989 à la réclusion criminelle à perpétuité. Il sortira libre en 2005 et ira s'installer dans l'est de la France écrit Sud-ouest.
Ses motivations ? "Il avait une maîtresse en Lot-et-Garonne. A chaque fois qu'il se rendait là-bas il s'arrêtait à Bergerac et l'appelait pour savoir si elle était libre" explique Guy Penaud. Si elle ne l'étais pas, "je restais et je faisais une bêtise", avoue l'accusé à l'inspecteur de l'époque.
"Il se promenait dans la campagne, dès qu'il voyait une maison isolée il y rentrait pour séquestrer les gens. 'Je me faisais une maison', comme il disait".
L'enquête aura duré cinq ans. Elle aurait sans aucun doute abouti beaucoup plus vite de nos jours grâce à l'ADN et aux écoutes téléphoniques. "Des moyens que nous n'avions pas dans les années 80" regrette Guy Penaud.