Deux affaires distinctes inquiètent les propriétaires de chevaux du département après la vague de mutilation des équidés partout en France depuis des mois. L'une d'elle vient d'avoir lieu à Corgnac-sur-l'Isle, au nord-est de Périgueux
Près de 40 cas avérés, 153 enquêtes ouvertes et au moins 11 équidés tués ou mutilés depuis décembre 2018. Le phénomène des chevaux mutilés à travers la France plonge les propriétaires dans le stress. Depuis le début de l'année dans la moitié de la France la liste des signalements de chevaux, ânes ou poneys mutilés s'allonge. Des dizaines d'appels. Si fort heureusement il s'agit à 80% de fausses alertes, la psychose s'installe chez certains, ce qui est probablement le but des auteurs des faits.
C'est que les agressions sont parfois très graves. Il s'agit d'oreilles coupées (la droite le plus souvent, un "trophée" ?), du flanc ou des parties génitales de l'animal lacérés, d'œil arraché, de crâne fracassé. Un trotteur français a été éventré dans la Loire, un pur-sang anglais a été mutilé dans le Rhône. Dans le Jura et en Saône-et-Loire, on a signalé plusieurs cas d'équidés mutilés, et parfois tués.
À Corgnac-sur-l'Isle, au nord-est de Périgueux, c'est un cheval hongre (castré) âgé de 8 ans qui aurait été victime de ces agresseurs dans la nuit de samedi à dimanche dernier. L'animal laisse apparaître une nette coupure sur son membre antérieur gauche qui a nécessité la pose de 4 points de suture par le vétérinaire. La veille au soir, vers 22h, David Barrois, un voisin, avait vu deux hommes équipés de lampes s'approcher du pré des chevaux, et il leur avait demandé de quitter les lieux.
La propriétaire, Julie Villaeys, a porté plainte. Une affaire à rapprocher peut-être d'une autre qui se serait déroulée vers Champniers- Reilhac samedi après midi, une cheval présentant lui aussi une blessure à priori anormale.
L’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP) est chargé de coordonner les recherches. Ce service de police judiciaire à compétence nationale continue à s'interroger sur la motivation de ces actes sadiques malsains. Une chose est sûre, les faits sont suffisamment divers et répartis sur le territoire pour exclure l'hypothèse d'un seul auteur.
Pour connaître les signalements de chevaux effectués en 2020 en France, consultez la carte interactive, département par département, réalisée dans l'article du Journal de Saône et Loire.
Ce qui intrigue aussi les enquêteurs, c'est le mode opératoire "professionnel" des désaxés qui s'en prennent aux chevaux. Dans 1/4 des cas avérés, du curare aurait été utilisé pour anesthésier les animaux. Pratique courante chez les professionnels qui doivent intervenir sur les équidés. Des techniques d'approche nocturnes et l'utilisation de matériel de capture adapté laissent penser que dans plusieurs cas, il ne s'agissait pas de novices. Tout comme la précision de certaines lacérations effectuées après anesthésie.
Bref l'affaire est sérieuse, au point que les ministres de l'Intérieur et de l'Agriculture s'en sont saisis, craignant notamment qu'un mouvement de paranoïa exacerbé sur les réseaux sociaux ne fasse dégénérer les choses.
Mais le gouvernement rappelle que les propriétaires inquiets qui notent des incidents anormaux doivent avant tout appeler le 17. Le ministère de l'agriculture a mis en place mercredi un numéro vert joignable du lundi au vendredi de 9h à 17h pour aider les propriétaires, le 0 800 738 908, animé par une quinzaine d'intervenants de l'Institut Français du Cheval et de l'Equitation.
Il est "destiné à tous les propriétaires de chevaux pour répondre à leurs questions, pour les accompagner dans les mesures de protection, pour également leur apporter un soutien, parfois même psychologique, face à cette angoisse et cette peur" selon le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie.