Une très bonne eau, mais pleine de calcaire. Les habitants de Périgueux se sont habitué à leur eau du robinet, mais se plaignent régulièrement de sa dureté. Le problème pourrait se résoudre d'ici 3 ans
C’est la source de l’Abîme qui alimente en eau potable tout Périgueux et une partie des communes voisines. Une résurgence souterraine caractérisée depuis longtemps par un très bon débit d’une eau d’excellente qualité. 35 000 m3 en moyenne par jour, avec des pointes qui peuvent atteindre 950 litres/seconde et un débit qui baisse à peine pendant l'été. Un si bon débit qu’une grande partie excédentaire n'est pas captée et va se déverser directement dans l’Isle. À cette eau venue des profondeurs se mélange un peu d'eau de surface liée aux précipitations. Ce qui explique sans doute qu'on y retrouve un très faible taux de nitrate, en progression depuis quelques dizaines d'années.
À la limite de la dureté maximale
À part cela, une eau de très bonne qualité. Mis à part son fort taux de calcaire. Traversant de nombreuses roches solubles, du Karst, l’eau se charge de minéraux, essentiellement du carbonate de calcium. Mesurée en « degré français », la dureté atteint ici 27 à 28 degré français, le seuil pour traiter l'eau du robinet étant généralement fixé à 30.
Un coup de calcaire
Ce que chacun appelle calcaire ou tartre (s'il s'est déposé sur la bouilloire), ce sont simplement des minéraux, des sels dissous essentiellement de calcium et de magnésium. Lorsqu'on fait sécher ou monter en température cette eau parfaitement limpide, les ions calcium et magnésium s’attirent, le calcaire se fixe sur les parois (de la bouilloire, du verre, de l'évier) sous forme de tartre, du carbonate de calcium. Cette eau dite "dure" n'est pas nocive pour la santé, bien au contraire puisqu'elle apporte en quantité des sels minéraux indispensables. Il faudrait en boire des hectolitres pour constater un quelconque effet négatif. Et elle est même meilleure au goût qu'une eau "douce". Mais le tartre se dépose sur les résistances des machines à laver, bouilloires, chauffe-eau, dans les cuvettes des toilettes et certaines canalisations, il rend le linge rêche, bref il n'est pas le bienvenu dans tous les tuyaux et la ville de Boulazac par exemple a déjà mis en place un centre de « décarbonatation » pour ses eaux courantes.
14 Millions d'€uros
Eau Cœur du Périgord est le syndicat mixte compétent en matière d'eau potable sur le Grand Périgueux et 68 communes alentours dont Champcevinel et Boulazac. Lors de la présentation du dernier budget du Grand Périgueux, les élus ont annoncé que 10 millions d’euros seraient investis en quatre ans pour réhabiliter l’usine de traitement des eaux du Toulon et mettre en place un procédé de décarbonatation contre le calcaire. La station qui date des années 70 devrait être entièrement réhabilitée d’ici 2025. L’opération qui coûtera en tout 14 millions a déjà débuté l’an dernier avec la remise en état de 3 des 5 filtres à sable existants. Au printemps 2023 les deux filtres à sable restants seront rénovés, mais surtout un nouveau centre de traitement verra le jour derrière le centre actuel. C’est lui qui sera équipé de filtres à charbon actif et surtout du procédé de décarbonatation supprimant l’excès de calcaire dans l’eau.
Il y aura toujours du calcaire au robinet
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la décarbonatation ne supprime pas le calcaire (ce qui n’est pas souhaitable), mais elle réduit le risque de dépôt. Il s’agit de doser pour obtenir un compromis entre le bon équilibre minéral de l’eau et le niveau de dureté. Sans entrer dans des détails d’une grande complexité que vous pouvez retrouver ici, trois méthodes peuvent être utilisées pour décarbonater l’eau :
- en ajoutant de la chaux ou de la soude à l’eau pour modifier sa composition chimique
- en faisant passer l’eau par des résines qui vont modifier les ions calcium et magnésium de l’eau pour éviter que les dépôts ne se forment
- en précipitant le calcium et le magnésium dans l’eau grâce à un courant de faible tension
Attention, travaux
Reste encore à lancer l’appel à candidatures qui permettra de sélectionner l’opérateur en juin prochain. Le marché étant attribué en début d’année prochaine devrait permettre d’entamer les travaux au printemps suivant, pour une fin de chantier deux ans plus tard. Si la perspective d’une eau moins calcaire au robinet intéresse beaucoup les habitants du Grand Périgueux, ces travaux ne sont pas les seuls nécessaires. Une grande partie du réseau de distribution d’eau de Périgueux mis en place dans les années 50 arrive en fin de vie et nécessite des travaux importants.