Ligoté, torturé et tué par balles : le procès d'une nuit barbare devant les assises de la Dordogne

Le 6 décembre 2020, le corps de Teddy Ledoux est découvert à moitié carbonisé dans un bois de Bussière-Badil. James Petit, un de ses tortionnaires âgé de 30 ans, devra répondre seul de ce crime devant les assises de la Dordogne à partir de ce lundi 15 janvier 2024, son complice étant mort en prison.

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Le samedi 5 décembre 2020, James Petit se rend en Charente, chez sa petite amie Gwendoline en compagnie de Thomas Van Staeyen – dit le Belge. Ce dernier est fou de rage, sa compagne vient de lui envoyer un sms de rupture. Pour lui, cela ne fait aucun doute : si Marianne B. veut rompre c’est qu’elle a une liaison avec Teddy Ledoux. Il faut qu’il aille s’expliquer avec lui. James Petit, qui l'accompagne, a aussi du ressentiment pour Ledoux, qui loge temporairement chez Gwendoline. Il est sûr que celui-ci épie sa petite amie quand elle est sous la douche.

 Tirs en l'air

La colère du "Belge" infuse dans l’esprit de James Petit. Les deux hommes arrivent donc au domicile de Gwendoline vers 21 h 30. Très vite, la discussion s’envenime, le "Belge" commence à frapper Teddy Ledoux. De son côté, James Petit est agité. Il sort dehors avec un fusil, acheté quelques jours plus tôt, et tire en l’air.
Teddy Ledoux ne sait pas encore que le pire l’attend. Il est devenu le bouc-émissaire de deux hommes qui n’arrivent plus à se calmer. Le jeune homme de 28 ans est pourtant dépeint par ceux qui le connaissent comme quelqu’un de gentil. Il assume son homosexualité. Gwendoline, qui l’héberge, se moque d’ailleurs de son idée de changer sexe et l’appelle " Victoria". On est bien loin du briseur de couple que les deux hommes en colère se sont mis dans la tête. 
 

Ligoté dans le garage


Les deux compères ne s’arrêtent pas là. Ils embarquent de force leur tête de turc dans la BMW de Thomas Van Staeyen et prennent la direction du garage de la mère de James Petit à quelques kilomètres de là. Arrivés sur place, ils ligotent et suspendent à un tuyau les mains de leur souffre-douleur, le bâillonnent avec du scotch avant de lui asséner de nombreux coup de poings, de pieds et de genoux. James Petit s’empare du portefeuille, du téléphone et de la carte bancaire du malheureux avec laquelle il effectuera un retrait. 
Les deux tortionnaires décident ensuite de s’octroyer une petite pause et vont vider une bouteille de vodka dans l’appartement de la mère de James Petit. Teddy Ledoux reste seul, sanguinolent, dans le garage. Il vit ses derniers instants. 

"Je vais buter ton PD "  

Une fois leur pause terminée, les deux tortionnaires rembarquent leur victime dans la BMW du Belge, en chemin. Petit se fait déposer au domicile de sa compagne pour y récupérer son fusil. Cette dernière le questionne, il lui répond : " je vais buter ton PD ". 
Le trio prend ensuite la direction d’un bois voisin. Sur place, Petit et le Belge extirpent Teddy Ledoux du véhicule. Petit saisit son fusil. Il tire deux fois en l’air puis vise sa victime qui s’éloigne vers le bois en lui tournant le dos. La balle atteint Ledoux au niveau de la nuque. Il tombe. Les deux hommes essayent ensuite de brûler le cadavre en utilisant comme combustible des flacons de parfums. 


Quelques heures plus tard, au petit matin, c’est un chasseur qui trouvera le corps à moitié carbonisé, à peine dissimulé sous des branchages. La victime est rapidement identifiée. Gwendoline ayant été voir les gendarmes pour signaler la disparition de Ledoux, les enquêteurs interpellent rapidement James Petit et son complice. 
Lors de la garde à vue, James Petit reconnaîtra être l’auteur du tir mortel. Quant "au Belge", s’il reconnaît avoir porté des coups, il indiquera n’avoir jamais voulu la mort de son pseudo-rival.

" Si c’était à refaire, je le referais "

Le procès s'ouvre ce lundi 15 janvier devant les assises de la Dordogne. Prévu pour durer cinq jours, il reviendra donc sur cette nuit barbare. Dans le box des accusés aux côtés de James Petit prendra place Gwendoline Audevart, sa compagne de l’époque, qui devra répondre du fait de n’avoir pu empêcher le crime. Lors de l’instruction, elle a expliqué avoir eu peur pour sa fille présente chez elle, lors de cette soirée.
James Petit sera défendu par le ténor angoumoisin maître Lionel Béthune de Moro, qui aura fort à faire pour atténuer la sanction d’un homme que tout accable et qui avait tenu ces propos lors de la reconstitution : "si c’était à refaire, je le referai. Si je l’ai fait, c’est parce qu’il l’a mérité, c’est tout, point barre ".

Deux accusés dans le box

James Petit, vingt-six ans au moment des faits, a un parcours de vie assez tourmenté. Lors de son enfance, il est décrit comme perturbateur, voleur, violent et menaçant, commettant des actes de cruauté sur les animaux. Il a fait l’objet de différents placements. Il n’a aucun diplôme et n’a jamais travaillé. Il a déjà écopé de vingt-et-une condamnations, le plus souvent pour vols aggravés et violence. Le meurtre de Teddy Ledoux intervient alors qu’il venait juste de purger une peine de trois ans de prison.
Les experts psychiatres qui l’ont rencontré lors de l’instruction notent une absence de pathologie psychiatrique et relèvent des capacités de gestion émotionnelle limitées et un espace de réflexion encore très enfantin, mais dans un corps d’adulte. 
 
Gwendoline Audevart, trente-et-un ans au moment des faits, a toujours vécu des relations difficiles. Son premier petit ami la trompe avec sa mère. En mars 2021, elle est victime de violences de la part d’un autre concubin. Elle essaye malgré tout de s’en sortir en travaillant dans différents domaines : ouvrière dans les vendanges, femme de chambre, aide à domicile. Selon les expertises effectuées, son intelligence est qualifiée de moyen faible. Elle est mère d'une fille. 

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